P LUTOT jeune et féminine, la population bénéficiaire de la couverture maladie universelle (CMU) est issue, comme on s'y attendait, des milieux ouvriers et employés, et comporte une forte proportion de chômeurs. Mais parmi les plus pauvres, seul un ménage sur deux pense y avoir droit, révèle une enquête d'opinion réalisée par le Centre de recherche, d'étude et de documentation en économie de la santé (CREDES) à la demande du ministère de l'Emploi et de la Solidarité.
Conduite au cours du premier trimestre 2000, au moment où le dispositif était en phase de montée en charge, l'étude indique que 53 % des personnes interrogées sur un échantillon d'assurés sociaux avaient entendu parler de la CMU, mais cette connaissance « semble fortement liée au milieu social, et les milieux les plus concernés par le droit n'étaient pas ceux qui en avaient le plus entendu parler », observe le CREDES.
Cadres, professions intermédiaires et employés étaient plus au courant que les non-salariés et les ouvriers. De même, 45 % seulement de ceux n'ayant pas dépassé le BEP avaient connaissance de la CMU, contre 59 % des bacheliers et 63 % de ceux ayant un diplôme d'enseignement supérieur.
C'est donc, selon l'étude, essentiellement la mauvaise connaissance du dispositif par la population concernée, qui fait que tous les bénéficiaires potentiels n'ont pas eu recours à la CMU, dès sa mise en place. En effet, parmi les ménages ayant un revenu inférieur au seuil d'éligibilité de la CMU, 51 % seulement pensaient y avoir droit et 17 % ne se prononçaient pas. « Il y aurait donc environ 32 % des ménages dont le revenu déclaré est apparemment situé sous le seuil d'éligibilité et qui ne s'estiment pas éligibles, alors que le mécanisme vient de leur être présenté », explique le CREDES.
Quant à ceux qui pensent y avoir droit, les deux tiers seulement envisageaient, au début de 2000, d'en faire la demande. En général, il s'agit des personnes qui ont dû, dans les mois précédents, renoncer à des soins pour des raisons financières. Alors que, parmi les demandeurs potentiels, 35 % déclaraient avoir renoncé à des soins dans les douze derniers mois, ils ne sont que 17 % parmi les non-demandeurs. Les autres raisons de cette non-demande sont, selon le CREDES, des questions de principe et une moindre aptitude à entrer en relation avec les administrations sociales.
La Mairie de Paris aide les exclus de la CMU
Le Conseil de Paris vient de voter un dispositif de prise en charge de la couverture maladie complémentaire des parisiens exclus de la CMU. Il s'adresse aux personnes ayant des revenus supérieurs au plafond de 3 600 F, fixé pour la CMU et inférieurs aux 4 000 F du plafond, prévu pour l'ancienne carte Paris-Santé.
Entré en vigueur dès le mois de juillet, en partenariat avec la caisse primaire d'assurance-maladie, ce dispositif consiste en une aide financière au paiement d'une cotisation auprès d'une mutuelle dans la limite de 185 F par mois et par personne. Pour en bénéficier, il suffit aux personnes concernées de justifier de trois années de résidence dans la capitale.
Le coût de cette mesure est estimée à 4,6 millions de francs en année pleine et à 2,3 millions de francs pour 2001 pour environ 10 000 bénéficiaires potentiels.
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