De mars à septembre 1999, l'équipe de Narumi Ogonuki (Tokyo) a cloné douze souris mâles à partir de cellules de Sertoli immatures. Elle a entrepris une surveillance à long terme de ces animaux en ce qui concerne leur gain pondéral et certains paramètres biochimiques.
Ces souris clonées ont été comparées à 13 autres souris mâles, 7 obtenues par fécondation naturelle et 6 par injection de spermatides.
Tous ces animaux ont été gardés dans un environnement sans agent pathogène.
Incompétence immunitaire
Le gain pondéral à un an a été sensiblement identique dans le groupe des souris clonées et dans le groupe contrôle (53,5 g versus 51,6 g ; p > 0,05).
Les paramètres biochimiques ont été mesurés aux âges de 3 et de 14 mois. A chaque fois, les valeurs de la LDH et de l'ammoniaque étaient plus élevées chez les clones que chez les contrôles (p < 0,05).
Les souris clonées ont commencé à mourir à 311 jours de vie et 10 de 12 clones sont morts avant 800 jours (les 2 restantes sont encore en vie). Dans le même intervalle, seules 3 des souris contrôles sont mortes : 1 dans le groupe conçu par fécondation naturelle et 2 dans le groupe conçu par injection de spermatides. Ainsi, le taux de survie des souris clonées était significativement différent (p < 0,05) de celui des deux groupes contrôles.
Une autopsie a été pratiquée chez six des dix souris clonées décédées. Certes, on n'a pas observé de dégénérescence post mortem. Mais une pneumonie sévère a été observée dans 6 cas sur 6 et une nécrose hépatique extensive dans 4 cas sur 6. De plus, on a observé un cas de leucémie et un cas de cancer du poumon.
L'analyse des isoenzymes de la LDH montre la la source majeure de la LDH chez les souris clonées était le foie, ce qui indiquait la présence de lésions hépatiques. Chez les contrôles, il n'a pas été observé de lésion pulmonaire ou hépatique ; seules des tumeurs ont été constatées. « Il est vraisemblable que la morbidité et la mortalité des souris clonées étaient dues à un dysfonctionnement du foie et des poumons qui sont survenus spécifiquement chez les clones », indiquent les auteurs.
Récemment, des travaux ont montré des troubles immunitaires chez des vaches et des chèvres clonées. Les Japonais ont donc étudié les réponses immunitaires d'un autres groupes de souris clonées (n = 20) à partir de cellules Sertoli. A l'âge de 4 ou 5 mois, la production d'anticorps par les clones était significativement réduite par rapport à celle d'animaux (n = 9) issus d'une fécondation naturelle. L'activité phagocytaire était également moindre. Il est donc probable, estiment les auteurs, que l'incompétence immunitaire des souris clonées accroît le risque d'infections autogènes liées à l'âge, qui provoquent, le plus souvent, des pneumonies chez l'homme et chez l'animal. En ce qui concerne la cause de la nécrose hépatique, elle reste à déterminer.
Les auteurs abordent également le problème des télomères, qui, on le sait, raccourcissent avec le vieillissement cellulaire normal. Dans la clonage, la longueur des télomères peut être restaurée, après transfert de noyau, à leur longueur initiale. L'espérance de vie des clones ne devrait donc pas être raccourcie. Mais la présente étude montre que la défaillance organique de plusieurs organes conduit à la diminution de la durée de vie.
« Nature Genetics », publication online du 11 février 2002, DOI : 10.1038:ng841.
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