Le groupe Capio-Santé a décidé de profiter de la fermeture de la clinique Marzet à Pau, annoncée à la mi-avril par les pouvoirs publics en raison de « graves dysfonctionnements » non précisés, pour « remettre à plat » les contrats de tous les médecins intervenant dans ses services.
Le chirurgien vasculaire qui aurait commis une erreur médicale à l'origine de la fermeture de l'établissement est invité à prendre la porte. Plus surprenant, deux chirurgiens viscéraux et un anesthésiste ont également été informés à la fin d'avril que leur contrat serait rompu d'ici peu. Une décision purement financière, qui n'aurait rien à voir avec les différentes enquêtes en cours sur le fonctionnement de la clinique, précise Capio-Santé.
Le Dr Michel Rémi, l'un des chirurgiens viscéraux visés, ne comprend pas : « Il y a trois semaines, on nous parlait de développement, de la possibilité de prendre des associés. Puis, subitement, on nous donne notre congé, sans aucune explications. » Des explications, le Dr Rémi en soupçonne plusieurs. « Les trois praticiens virés ont des contrats plus intéressants que d'autres, on coûtait cher. Notre pratique aussi, la chirurgie lourde, coûtait cher. » Le Dr Rémi se demande si l'objectif de Capio n'est pas de « ne garder que le lifting ».
Le président de la CME de la clinique Marzet, le Dr Joël Louboutin, avance une autre hypothèse : « Les conflits qui opposent certains praticiens depuis la fusion de deux cliniques en 2001 n'ont jamais été réglés. La mise à la porte de trois d'entre eux est peut-être une façon de mettre un terme à leur bagarre. » Une solution que condamne le Dr Louboutin : « Décapiter la chirurgie viscérale aura des conséquences dramatiques pour les services d'urgences, de cancérologie et de gastro-entérologie. »
Aucune date n'est avancée pour la réouverture de la clinique Marzet. Sa direction a reçu le rapport de l'agence régionale de l'hospitalisation (ARH) vendredi, mais les médecins n'ont pas été autorisés à en prendre connaissance. Depuis deux semaines, ils enchaînent réunion sur réunion, tentant de répondre aux reproches qui leur sont adressés. Ils ont transmis leurs remarques à l'ARH la semaine dernière.
D'après le président de la CME, la réouverture de la clinique n'aura pas lieu tant que les médecins « invités au départ » n'auront pas clairement accepté de prendre la porte. C'est du moins ce qu'aurait laissé entendre le groupe Capio-Santé.
Se saisissant du dossier, le président de l'UDF, François Bayrou, a demandé audience au ministre de la Santé pour débloquer la situation. Le député des Pyrénées-Atlantiques trouve « inacceptable » que la décision de fermer la clinique Marzet ait été prise « sans concertation ». Il dénonce aussi l'attitude du groupe Capio-Santé qui, selon lui, « profite de la situation pour imposer des changements ».
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