Le TEMPS DE LA MEDECINE
NOUS SOMMES en 2156 et, comme chaque matin, Antoine prend son scooter des mers pour traverser Paris jusqu'à son bureau. En un siècle et demi, la capitale française a pris un tout autre visage, mais heureusement, la vie continue. Les inondations à répétition, dues à la montée générale des eaux et aux pluies diluviennes qui s'abattent sur l'Europe, ont transformé les rives de la Seine en lagons. Les hommes se sont adaptés.
L'exposition Climax, présentée à la Cité des sciences et de l'industrie jusqu'au 29 août, plante le décor du futur. Pas de machine à traverser le temps, mais de simples scénarios d'anticipation. Installé confortablement sur un siège pivotant, au centre d'une toile à quatre murs, le visiteur est confronté, grâce à un film de vingt-trois minutes mêlant cinéma et images numériques, aux conséquences du réchauffement climatique, celui qu'il a en partie créé.
La hausse s'accélère
Loin de culpabiliser le spectateur, le film donne tout d'abord quelques explications sur le système climatique. Pourquoi l'effet de serre est-il indispensable ? A l'image des vitres d'une serre, la couche de gaz (oxygène et azote, mais aussi gaz carbonique) qui entoure la Terre permet d'emprisonner une large part de l'énergie solaire dans notre atmosphère. Plus les gaz qui composent cette couche protectrice augmentent, plus la température s'élève sur terre. Sans l'effet de serre naturel, la température moyenne de la planète serait proche de -18 °C au lieu des 15 °C actuels. S'ajoutent ensuite les émissions de CO2 émises par les activités humaines. Les premiers signes de réchauffement apparaissent : depuis 1880, la température moyenne à la surface de la terre s'est accrue d'environ 0,6 °C. Dans son rapport sur le climat mondial, l'Organisation météorologique mondiale (OMM) souligne que « les températures, depuis 1976, ont progressé environ trois fois plus vite qu'au cours du XXe siècle, donc le rythme d'augmentation des températures s'accélère ». Cette année, la température moyenne de la planète devrait avoir augmenté de 0,45 °C par rapport à la moyenne des années 1961-1990, estime l'OMM. L'année la plus chaude jamais enregistrée reste 1998, avec une hausse de 0,55 °C par rapport à cette moyenne.
« Imaginons que nous conservions notre mode de vie actuel, que la population continue d'augmenter et que les pays pauvres se développent comme nous à l'aide d'énergies fossiles. D'ici à 2100, la température moyenne pourrait être de 4 à 6 °C plus élevée qu'aujourd'hui, et le niveau des mers pourrait s'élever de 90 cm », prévient la voix off du film. Défilent alors les images des conséquences des changements climatiques : on voit Paris à demi-submergée, l'Australie dévastée par des feux de brousse, les glaciers d'Amérique du sud disparaître, les déserts du Sahel croître...
Des solutions
Il n'est pas question d'effrayer le visiteur et de lui ôter toute envie de procréer : des solutions existent. Première proposition : réduire les émissions de CO2 afin de « limiter le réchauffement planétaire à une hausse de 2 à 4 °C seulement ». On restreint le chauffage domestique en renforçant les isolations, on développe les transports collectifs, on construit des zeppelins pour réduire le trafic aérien, on crée des forêts d'éoliennes en pleine mer et on plante des panneaux solaires dans les plaines désertiques, on freine la déforestation. Mauvaise pioche, les émissions de CO2 n'ont pas été suffisamment réduites.
Deuxième proposition : il faut trouver des solutions d'adaptation. Chicago lutte contre les vagues de chaleur en creusant de nouvelles avenues dans le sens des vents dominants. En Europe, pour s'adapter aux inondations, les pentes des collines sont équipées de digues et de barrages. Au Sahara, des rivières artificielles assurent l'irrigation et la rosée du matin est récupérée grâce à de gigantesques filets.
Mais le plus fascinant reste le dernier scénario, celui où les hommes maîtrisent le climat. Des avions diffuseraient des particules de sulfate ou même des poussières dans la stratosphère : la lumière du soleil se réfléchirait ainsi dans l'espace provoquant un effet rafraîchissant autour de la Terre. Un réseau de satellites, tels des « parasols en orbite », contrôleraient le temps autour de la Terre, en fournissant de l'ombre ; on pourrait guider des nuages de pluie et générer des courants de vents... « Science-fiction que tout cela ? Peut-être. Mais qui peut savoir ce que nous réserve l'avenir ? », interroge la voix off du film.
Après cette prise de conscience visuelle du système climatique, le visiteur peut forger sa propre opinion en écoutant les interviews filmées d'experts du climat. Les variations climatiques sont-elles dues seulement aux activités humaines ? Les simulations sur les prévisions climatiques futures sont-elles fiables ? Les technologies pourront-elles relever le défi du changement climatique ? Chacun trouvera la réponse qu'il veut entendre, mais peu repartiront sans s'interroger sur sa propre responsabilité quant à l'augmentation des émissions de gaz à effet de serre.
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