ARTS
Face à l'événement, la photographie est irremplaçable. Dès son invention, elle le prouve. Que saurait-on, aujourd'hui, d'un exploit comme celui de Santos-Dumont à Saint Cloud, il y a juste cent ans ? Une exposition de photographies de l'époque (1) nous plonge dans cette aventure où, dans son dirigeable partant du parc de Saint Cloud, il parvient à la tour Eiffel, ce tout nouveau symbole de la victoire de la technologie. Avec la naïveté propre au néophyte, la photographie de l'époque prend une allure surannée tout à fait séduisante.
La modernité se confond avec le mythe des vedettes, et la société se créé ainsi une mythologie à travers les grandes figures des arts, des lettres, et surtout du cinématographe.
Philippe Halsman a ainsi, dès les années 1930, fixé les traits des écrivains français, de Gide à Malraux, mais aussi les célébrités de tous bords, de Picasso à Marlon Brando, de Steinbeck à Churchill. On lui doit une étonnante expression de Marilyn Monroe. Il se veut le « flamboyant et pertinent portraitiste du dynamisme américain ». Hans Namuth s'est plus constamment attaché au monde de l'art. A travers lui c'est toute une promenade dans les ateliers de ceux qui sont aujourd'hui les vedettes sacrées de l'art américain (Louis Nevelson, Warhol, Segal, Pollock) qui lui doivent sans doute quelque chose de leur force d'impact sur le public (2).
Espace officiel de l'activité photographique, la Maison européenne de la photographie programme de nombreuses expositions parmi lesquelles on peut glaner quelques beaux instants de bonheur sur pellicule. Comme ce « Paris ville ténèbres », de Henri Maccheroni, chapeauté ici par Michel Butor (3). On est, là, dans la filiation du « Piéton de Paris », de Léon-Paul Fargue, d'Aragon et ses pages d'un réalisme fantastique, du Breton de « Nadja » ou dans l'espace des stupeurs de la nuit vues par Brassai, le maître incontesté du genre.
Le musée de la Vie romantique se propose lui de nous faire mieux connaître la formidable production photographique hongroise, de la « fin de siècle » aux Années folles, soit un parcours allant de 1880 à 1925 (4). Tous les genres y sont cultivés, des visions champêtres au poème citadin. Une bipolarité d'enracinement et d'ouverture sur le monde qui émerge. Un véritable bouillonnement culturel.
(1) « Centenaire d'un exploit en dirigeable - Santos-Dumont à Saint-Cloud ». Musée municipal de Saint-Cloud, 50, rue Gounod. Jusqu'au 4 novembre. Tous les jours de 14 h à 18 h, sauf lundi. Entrée libre.
(2) Philippe Halsman et Hans Namuth. Hôtel de Sully, 62, rue Saint-Antoine. Jusqu'au 6 janvier. Tous les jours sauf le lundi de 10 h à 18 h 30. Entrée 25 F.
(3) Henri Maccheroni, « Paris, ville-ténèbres ». Maison européenne de la photogaphie. Rue François-Miron. Jusqu'au 25 novembre.
(4)« Photographies hongroises des romantismes aux avant-gardes ». Musée de la Vie romantique, 15, rue Chaptal, 75009 Paris. Tous les jours, sauf le lundi, de 10 h à 14 h 40.
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