° Fils d’une des figures importante de la musique cubaine, Bebo Valdés, fondateur du groupe emblématique de l’île en 1973, Irakere, qui fut une pépinière pour jazzmen locaux comme Paquito D’Rivera, le pianiste Chucho Valdés, 69 ans, vient de réaliser avec son nouvel album, « Chucho’s Steps » (World Village/Harmonia Mundi), un étonnant et surprenant mariage entre la vivacité créatrice du jazz et le grain de saveur de la musique latine. Autrement dit, un retour au latin-jazz d’antan. Pour cela, des clins d’œil et des hommages. Clin d’œil avec le morceau-titre, qui fait référence au célèbre « Giant Steps » de John Coltrane, à la musique de Cole Porter et des frères Gershwin, dans « Begin to be Good », et hommage à la famille Marsalis avec « New Orleans » ou encore au cofondateur de Weather Report, Joe Zawinul, dans « Zawinul’s Mambo ». Le tout à la tête d’un ensemble superbe rehaussé de solides choristes. Toute l’exubérance du swing latin.
° L’expérience du piano à quatre mains ou du duo de piano est assez rare en jazz, principalement pour des questions d’ego. Unis dans la vie, Bill Charlap et Renee Rosnes ont voulu joindre leurs talents respectifs et relever le défi, d’où « Double Portrait » (Blue Note/EMI). Pianiste américain, Charlap s’est fait connaître aux côtés de Gerry Mulligan, Tony Bennett et Phil Woods, avant de diriger son propre trio. Née au Canada, Rosnes a joué avec Wayne Shorter et James Moody, avant de fonder le collectif SFJazz, dont l’un des leaders est Joe Lovano. Fait de reprises (Jobim, Shorter, les frères Gershwin, Mulligan) et d’un titre original (Rosnes), le CD réalise une savante alchimie, un équilibre et une osmose sans compétition entre deux solistes virtuoses, amoureux aussi de la mélodie.
° Depuis une dizaine d’années, Jason Moran* conduit un trio baptisé The Bandwagon – Tarus Mateen (contrebasse), Nasheet Waits (batterie) –, qui s’est imposé sur la scène jazz contemporaine comme l’un des plus audacieux et téméraires. Deux adjectifs qui collent parfaitement à la musique de leur nouvel album, « Ten » (Blue Note/EMI), dans lequel se côtoient standards des références du leader (Thelonious Monk, Jaki Byard, Andrew Hill) et travaux personnels (Moran, Mateen). Le pianiste inventif et visionnaire et ses acolytes singuliers donnent au traditionnel trio beaucoup de brillance et une intense vivacité, très loin des clichés habituels.
° Pianiste/compositeur d’origine indienne né aux États-Unis, où ses parents ont émigré dans les années 1960, Vijay Iyer, qui s’est fait connaître auprès du saxophoniste Steve Coleman au sein du groupe Five Elements et qui collectionne les récompenses internationales, sort son premier album en solitaire, sobrement intitulé « Solo » (ACT/Harmonia Mundi). Un exercice toujours périlleux mais parfaitement maîtrisé, qui permet une réflexion et une introspection sur des thèmes personnels et des standards (Monk, Ellington, etc.). Un brillant soliste qui possède une large palette musicale et technique.
* Paris, Duc des Lombards, 2, 3 et 4 novembre ; deux sets, 20 et 22 heures.
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