CLAUDE SIMON, prix Nobel de littérature 1985, entre dans la Bibliothèque de la Pléiade, qui publie en un volume l’essentiel de ses oeuvres. L’écrivain, décédé le 9 juillet dernier à l’âge de 91 ans, avait choisi lui-même les textes qu’il désirait voir publiés dans la collection. L’édition, établie par l’universitaire britannique Alastair B. Duncun, rassemble notamment « le Vent, tentative de restitution d’un retable baroque » (1957), « la Route des Flandres » (1960), « le Palace » (1962), « la Bataille de Pharsale » (1969), ainsi que de nombreux écrits, plans et schémas de Claude Simon relatifs à ses romans. Lequel avait renié ses premiers romans, « le Tricheur » (1941), « la Corde raide » (1947), « Gulliver » (1952) et « le Sacre du printemps » (1954).
L’oeuvre de Claude Simon, l’un des représentants majeurs du « nouveau roman », est ancré dans l’histoire du XXe siècle, telle qu’il l’a vécue. La Grande Guerre, la mort dès 1914 d’un père qu’il n’a donc pas connu, la révolution dont il fut témoin, à Barcelone, en 1936, la débâcle de juin 1940, l’anéantissement de son escadron de cavalerie sur une route des Flandres, dont il sortit vivant, par hasard. Pour lui, il était impossible de restituer ce qui fut tel que cela fut, mais cet impossible est en soi un sujet. «Non plus démontrer mais montrer, non plus reproduire mais produire, non plus exprimer mais découvrir.» Ecrire. Les livres de Claude Simon ne reconstituent pas le réel : ils le constituent dans et par l’écriture.
Editions Gallimard, 1664 p., 55 euros jusqu’au 30 avril (puis 62,50 euros).
« Maintenant, foutez-moi la paix ! »
Le 22 février 1956, Paul Léautaud, qui n’avait cessé pendant soixante-trois ans de noter, dans son Journal littéraire, ses goûts et ses dégoûts, surtout, sans se préoccuper des conséquences, rabrouait une dernière fois son infirmière en lui disant : « Maintenant, foutez-moi la paix!»
C’est cette phrase que Philippe Delerm a choisi de prendre pour titre de l’ouvrage qu’il consacre à cet écrivain vénéré, mais finalement peu lu, à l’occasion du 50e anniversaire de sa mort (Mercure de France, 140 p., 10,50 euros).
On y retrouve cette figure pittoresque des lettres françaises, qui avait deux passions, l’écriture et les femmes, et qui a fini par se consacrer à la première – en alignant plus de 8 000 pages dans son Journal, dont le Mercure de France réédite des morceaux choisis – et se détacher des autres, jusqu’à reconnaître : «Je m’en aperçois de plus en plus: une seule chose m’intéresse: moi»
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