EN 2006, LE MUSÉE des Beaux-Arts de Bordeaux reçut un don de cinq toiles d'André Lhote, qui porta la collection des oeuvres du peintre à 70 pièces. Mais ce sont aujourd'hui plus de 200 oeuvres – peintures, oeuvres sur papier, ouvrages illustrés, manuscrits, photos – qui sont réunies dans l'exposition temporaire de Bordeaux. Elles témoignent de la singularité de l'art d'André Lhote, qui commença par la sculpture, avant de se lancer dans l'aventure du cubisme dans les années 1910-1912.
Farouchement opposé à l'abstraction – qu'une certaine tendance du cubisme privilégiait alors volontiers – Lhote milita en faveur de la permanence de la tradition. Il entendait maintenir un lien avec l'héritage classique. Certes, il se fit le chantre de la modernité, mais en inscrivant celle-ci dans la continuité de l'histoire de l'art. Ses références furent multiples : l'Egypte, les Primitifs et la Grèce antique, mais aussi le classicisme de Poussin, puis celui d'Ingres, ou encore les expériences de Gauguin, de Cézanne, de Seurat… Selon Lhote, le cubisme était «un aboutissement de toutes les recherches de tous les siècles».
Ce syncrétisme se retrouve dans ses premières oeuvres, qui portent en elles la marque de différents styles et influences : vues du port et de la ville de Bordeaux au début du siècle, marquées par l'industrialisation. Parmi ces premières compositions cubistes des années 1910, très construites et charpentées, on remarquera « Escale » (1912), une scène très animée et dansante, peuplée de femmes de marins fougueuses, qui n'est pas sans rappeler « les Demoiselles d'Avignon » de Picasso. Suivent de nombreux portraits de femmes, depuis « Marguerite » (1912), dont les plis de la robe (qui font penser aux drapés grecs) sont prétextes à de jolis effets anguleux, jusqu'au « Portrait de Simone » (1947), dans lequel la couleur explose, et qui rappelle les intérieurs de Matisse, en passant par les oeuvres des années 1917-1920, exécutées dans la tradition des baigneuses (« Trois Femmes nues », « Baigneuses », « Trois Baigneuses devant le port », « Les Trois Grâces »…). Les natures mortes et les paysages rappellent quant à eux le déséquilibre propre à certaines compositions cézaniennes. Le goût du peintre pour le « tout décoratif » cher à l'Art nouveau est également évoqué dans l'exposition.
L'oeuvre de Lhote est délicate et poétique, oscillant entre des envolées lyriques et des assagissements géométriques. Ce peintre, classique et audacieux à la fois, sut rester fidèle à son esprit de liberté.
Musée des Beaux-Arts. 20 cours d'Albret. 33000 Bordeaux. Tél. : 05.56.10.20.56. Tlj sauf mardi, de 11h à 18h. Entrée : 5 euros (TR : 2,5 euros). Jusqu'au 3 septembre.
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