C’est d’un jeune cinéaste de 25 ans que nous vient cet état des lieux sur l’enseignement dans la Russie actuelle. Lena est une jeune myopathe qui entre dans une classe spéciale, la « terminale d’adaptation », sorte de sas avant la possibilité de poursuivre des études normales. Ses camarades ont tous un handicap : difficultés d’élocution, troubles bipolaires, stress permanent… Très vite, ils l’entraînent dans leurs virées alcoolisées sur un terrain vague, là où ils pratiquent leur jeu dangereux préféré – qui n’est pas sans évoquer les courses en voitures des jeunes de « La Fureur de vivre » : on nargue la mort en se couchant sur la voie ferrée,
à quelques secondes du passage d’un train.
Dans l’ennui et la grisaille de cette sinistre banlieue russe, l’amour va pourtant naître entre Lena et un élève un peu plus doux que les autres. Mais il scandalise. Il affole particulièrement un élève jaloux qui, tenu à l’écart d’une vie normale, organise des représailles terrifiantes. Les adultes eux-mêmes vont mal réagir : parents refoulés, arriérés, administration indifférente et hypocrite, enseignants incompétents, épuisés, souvent sous anti dépresseurs. C’est une jeunesse sacrifiée que peint le cinéaste, sur un rythme fiévreux, avec des comédiens non professionnels dont le naturel nous rappelle un des films emblématiques de la glasnost, La Petite Vera, de Vassili Pitchoul (1988). Aujourd’hui, le communisme est tombé, mais le marasme est le même. Un film en colère, poignant et salubre.
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