C’est la fin des urgences du plus vieil hôpital parisien, mais surement pas la fin des polémiques. Comme rpévu par la direction de l’AP-HP, les urgences de l’Hôtel-Dieu sont en effet remplacées à partir de lundi par un centre de consultations 24 heures sur 24. A vrai dire, les pompiers cessaient déjà progressivement, depuis le 22 octobre, de conduire des patients aux urgences de cet établissement à deux pas de la cathédrale Notre-Dame, se dirigeant vers d'autres hôpitaux. A partir de lundi, ils ne devraient plus venir du tout. Les personnes arrivant à l'Hôtel-Dieu par leurs propres moyens - soit les trois quarts de la fréquentation, selon la direction - seront toujours accueillies par des médecins, à toute heure et sans rendez-vous. Mais elles seront transférées ailleurs en ambulance si leur état nécessite des examens plus poussés ou une hospitalisation. Les nouvelles consultations en médecine générale ont débuté le 7 octobre à l'Hôtel-Dieu et l'AP-HP prévoit une montée en charge, jusqu'à accueillir 30.000 personnes par an.
Delanoë refuse d’entériner la fermeture
La fin des urgences suscite la polémique depuis l'annonce en mai du projet de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), qui souhaite transférer son siège à l'Hôtel-Dieu et convertir l'établissement en centre de recherche et d'enseignement, sans lits d'hospitalisation. Les opposants jugent que ce projet va mettre en danger les patients en provoquant une "sursaturation" des urgences des autres établissements parisiens
Mercredi, le bureau de la commission médicale d'établissement (CME) de l'AP-HP a réaffirmé son soutien au projet de la direction. De leur côté, les opposants au projet ne désarme pas. "Ce qu'on voudrait dire à François Hollande, Marisol Touraine, Bertrand Delanoë et Anne Hidalgo (candidate PS à la mairie de Paris), c'est que si vous laissez mourir les urgences de l'Hôtel-Dieu, vous allez aggraver la saturation des urgences à Paris", a lancé lundi l'urgentiste Gérald Kierziek. Fer de lance de l'opposition, il assurait encore, lors d'une conférence de presse, que "les autres hôpitaux ne pourront pas faire face à cet afflux de patients", alors que l'Hôtel-Dieu "rayonne sur neuf arrondissements", dans une zone accueillant "20 millions de touristes" par an.
Propos encore plus durs de Patrick Pelloux. Le président de l'Amuf affirme qu’en cas d'accident, "s'il y a des mises en examen, il faudra que les responsables soient mis en examen".
Ordes et contre-ordres
La grogne des protestataires encore visibles lundi dans les locaux de l’Hôtel Dieu est amplifiée par les ordres et les contre-oredres qui ont été donnés. A quelques mois des élections municipales, face à une controverse menaçant de peser sur la campagne des socialistes parisiens, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, avait déclaré en juillet qu'elle allait "décaler" la date de fermeture afin de ne "prendre aucun risque sur la prise en charge des urgences à Paris au début de l'hiver prochain". Elle avait affirmé par la suite que cette date ne lui "paraissait pas responsable, ni raisonnable", suscitant le mécontentement des partisans du maintien. De son côté, le maire de Paris a refusé dimanche de valider la fermeture des urgences, car dans l'attente des conclusions du groupe de travail, qui a été constitué, il estime "impératif qu'aucune décision prématurée et irréversible ne soit prise qui consisterait en fait à préempter l'issue de ce débat". "Aussi, dit-il, toutes les évolutions d'organisation de l'accueil des patients qui auraient pour conséquence de modifier de façon substantielle le fonctionnement du SAU de l'Hôtel-Dieu à compter de lundi 4 novembre, ne sauraient être acceptées".
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