LA RANÇON du succès. Après avoir réussi la transplantation d'ovaire entre deux soeurs jumelles monozygotes, greffe suivie d'une grossesse (« le Quotidien » du 10 juin 2006), S. Silber et R. Gosden (Etats-Unis) on vu arriver le même type de demande de la part de dix couples de jumelles. Ils rapportent les résultats des sept tentatives qui remplissaient les critères d'acceptation.
Dans tous les cas, ces jumelles monozygotes étaient discordantes en ce qui concerne l'insuffisance ovarienne. Dans tous les cas aussi, la soeur stérile avait un taux de FSH élevé et une aménorrhée depuis deux à vingt-six ans. Le greffon était du tissu ovarien, pris unilatéralement. Il était de la même taille, environ, que la surface réséquée de la médullaire ovarienne de la receveuse.
Les sept receveuses ont eu à nouveau des règles, de 63 à 93 jours après l'intervention. A 140 jours, toutes avaient un cycle régulier avec une FSH normale au 3e jour du cycle. Surtout, ces sept transplantations ont conduit à cinq grossesses (quatre naturelles, une par FIV). Chez les autres femmes, des cycles réguliers ont persisté pendant deux ans, jusqu'à ce que les taux de FSH ne recommencent à s'élever.
Les jumeaux monozygotes ne sont pas parfaitement identiques.
Outre le constat de ces cinq succès, objectif ultime recherché par les médecins, ces cas permettent une réflexion sur la discordance des insuffisances ovariennes précoces entre jumelles monozygotes. Cette affection n'est pas aussi rare, qu'on le pensait, constatent les auteurs. Dix des onze cas traités au total étaient dus à une déficience en cellules germinales. En fait, rappellent-ils, des jumeaux monozygotes ne sont pas parfaitement identiques en raison de variations épigénétiques, telle que la méthylation de l'ADN. De plus, dans la série, la receveuse dite « n° 7 » avait été atteinte d'une leucémie lymphoblastique aiguë, plus de quatre ans auparavant. Elle avait un nævus de la face que ne portait pas sa soeur. Quant à la receveuse « n° 5 », elle était atteinte d'un diabète de type 1, contrairement à sa soeur.
Le type de gémellité était connu pour six couples. Trois d'entre eux étaient monochorioniques, monoamniotiques. Ce point est intéressant, car, ce type représente ici 50 % de la série, alors qu'il n'est rencontré que dans 1 à 3 % des grossesses gémellaires. Les auteurs formulent une hypothèse. Il se peut que les séparations tardives d'embryons soient associées à une dysfonction ovarienne. Ce trouble pourrait être en relation soit avec une mauvaise distribution précoce des précurseurs des cellules germinales, soit à une augmentation de l'instabilité épigénétique des gènes régulateurs de l'ovogenèse.
«Nos résultats devraient encourager la poursuite d'efforts de conservation de tissu ovarien chez les patientes atteintes de cancer, pour prévoir une réimplantation après la rémission. Plus hypothétiquement, ces procédures pourraient permettre à des femmes en bonne santé d'allonger dans le temps leur capacité à concevoir. »
« New England Journal of Medicine » 356 ; 13 : 1382-1384, 29 mars 2007.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature