C'EST au terme d'une étude menée en Suède chez plus de 4 600 hommes que l'effet de sommation de ces gènes, qui sont des marqueurs courants du cancer de la prostate, est apparu. L'an dernier, l'étude du génome entier avait révélé cinq variants associés à une augmentation modérée du risque, insuffisante pour justifier de tester les individus. Trois des variants sont présents sur le chromosome 8q24, un sur 17q12 et un sur 17q24.3.
Chacun des cinq variants est très courant dans la population générale. Leur effet permet de rendre compte d'environ la moitié des cas de cancer de la prostate.
Actuellement, l'âge, l'origine ethnique et les antécédents familiaux sont les trois facteurs connus pour avoir une influence sur la probabilité de ce cancer. Jiangfeng Xu et coll. (des chercheurs américains et suédois) ont eu l'idée de tester l'effet des variants lorsqu'ils s'associent.
L'étude a consisté à analyser l'ADN de 2 893 hommes souffrant de ce cancer. Ils ont été croisés avec 1 781 hommes en bonne santé, d'âge similaire. Les hommes possédant quatre des cinq variants ont un risque multiplié par quatre à cinq, comparés à des hommes n'en ayant aucun.
Lorsque les auteurs ajoutent comme variable l'existence d'antécédents familiaux de cancer de la prostate, ce qui porte à six le nombre des facteurs de risque, la probabilité du cancer est encore accrue : pour un sujet qui possède cinq sur six des facteurs, le risque se trouve multiplié par neuf.
Un dépistage plus agressif.
Ce résultat pourrait permettre d'améliorer les perspectives du dépistage et des soins. On pourrait rechercher la présence des variants sur une simple prise de sang. En présence d'une accumulation des gènes de prédisposition et des facteurs de risque, un dépistage plus agressif pourrait être envisagé (biopsie), voire un traitement spécifique pourrait être étudié, commentent Jiangfeng Xu et coll.
A l'étape du dépistage de routine, le test serait particulièrement utile chez les hommes qui ont des antécédents familiaux de cancer de la prostate ou un taux de PSA modérément élevé.
Cette étude est l'une des premières à illustrer de manière concrète comment la combinaison de plusieurs gènes est susceptible d'affecter le risque de présenter une maladie, ce qui est l'objet de beaucoup d'attention de la part des chercheurs actuellement (dans des maladies générales comme le diabète, l'HTA ou le cancer). C'est une des premières applications cliniques de l'analyse du génome entier.
L'équipe international a prévu de tester l'ADN d'une population d'Américains pour évaluer si ces modifications génétiques ont le même effet.
« New England Journal of Medicine », 16 janvier 2008.
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