Grâce à l'augmentation de la longévité, les familles de cinq générations ne sont plus extraordinaires. Lors d'une enquête menée en France en 2000, Novartis Pharma en avait identifié plus de 3 000 et 499 avaient accepté de répondre à un questionnaire sur leurs modes de vie et leur santé (« le Quotidien » du 7 décembre 2000). La même étude a été menée au Japon auprès de 378 familles.
Les résultats sont un reflet de la société nippone traditionnelle, les familles interrogées se situant plutôt en zones rurales, où elles vivent sous le même toit, alors que, dans les zones résidentielles, elles sont séparées en 3 ou 4 ménages. Pour les Japonais, d'ailleurs, la vie sous le même toit n'est pas un inconvénient mais plutôt un avantage (58 % apprécient le partage du travail), d'autant que 83 % des grands-mères (3e génération) participent à l'éducation des plus jeunes.
L'autonomie privilégiée
naises sont un peu plus âgées que les Françaises : 95 ans d'âge moyen contre 93 pour la 5e génération, 73,2 ans contre 71 pour la 4e, 50,4 ans contre 49 pour la 3e. Elles comprennent aussi davantage d'hommes (7,1 % contre 5,8 % en France pour la 5e génération, 34,9 contre 18 pour la 4e, 38,6 contre 23,8 pour la 3e et 41,8 contre 26,3 pour la 2e). Ce sont également des familles qui vivent plus près les unes des autres, 75 % (contre 42,5 % en France), dont beaucoup qui vivent sous le même toit alors que ce n'était le cas que pour une seule en France ; dans notre pays, 73 % des membres de la 5e génération ne sont pas autonomes et nombreux sont ceux qui vivent en institution. Et si l'on ne vit pas ensemble, on se parle : au moins une fois par mois pour 70 % des Japonais (le principal et apprécié sujet de conversation étant la croissance de la 1re génération) et 60,2 % des Français.
Une des principales caractéristiques de la famille japonaise est l'implication de toutes les générations dans la vie communautaire : 43 % de la 5e génération (les plus âgés), 73 % de la 4e, 75 % de la 3e et 60 % de la 2e sont membres d'associations de voisinage, de loisirs, de parents d'élèves...
L'alimentation reste traditionnelle (riz, poissons, légumes et fruits), même si les plus jeunes déclarent préférer le pain, les nouilles, la viande et les produits laitiers ; les plus âgés apprécient les sucreries et les plus jeunes les épices. L'activité physique n'est pas négligée : près de 60 % des 4e, 3e et 2e générations s'y adonnent. Et plus de 50 % de la génération la plus âgée, avec ses nombreux centenaires, est autonome dans ses déplacements.
Aussi ne s'étonnera-t-on pas que 65 % des Japonais jugent que le secret de leur longévité réside dans l'autonomie (ne pas abandonner les choses aux autres) et l'autodiscipline, quand les Français privilégient les progrès de l'hygiène et de la nutrition.
Il y a tout de même un point commun de taille entre Japonais et Français : le plaisir et la fierté d'appartenir à une telle famille.
Jamais trop vieux ?
Même à 90 ans passés on est encore trop jeune pour mourir, ont répondu 6 % des Français de 5e génération interrogés (un pourcentage montant à 38, 36 et 46 % respectivement des trois générations suivantes). Et l'on a encore le bon âge pour profiter de la vie, des descendants, des loisirs... La famille de cinq générations est un antidote contre le sentiment d'être trop vieux, concluent les auteurs de l'étude.
Dans la 4e génération (moyenne d'âge 71 ans), on se trouve certes trop vieux pour avoir des activités physiques importantes (63 %), mais trop jeune pour avoir une vie tranquille et ne plus rien faire (82 %) et là encore c'est le bon âge pour profiter de la vie, de la famille et des loisirs.
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