C’est la première fois que la densité des médecins en activité régulière chute en France, selon « L’atlas de la démographie » que le CNOM a présenté cette semaine. L’an passé, l’Ordre avait déjà déploré, une diminution de la densité globale de médecins au cours de l’année 2007. Mais cette fois, c’est la densité réelle qui est affecté, donc abstraction faite des médecins remplaçants. Elle aurait diminué de 2 % en 2008 par rapport à l’année précédente. En réalité, le nombre de médecins s’est très légèrement accru en 2008 (+1,2 %), mais toujours bien en deçà de la croissance de la population française. Quant à la hausse progressive du numerus clausus du milieu des années 2000, elle ne produira pas pleinement ses effets avant une dizaine d’années.
Au 1er janvier, la densité médicale totale était ainsi de 312 médecins pour 100 000 habitants contre 322 un an auparavant. On compte 160 médecins généralistes et 153 spécialistes pour 100 000 habitants. Ce sont toujours des « classes creuses » qui arrivent à l’âge de l’exercice, lequel intervient toujours plus tard. Les jeunes femmes s’inscrivent au tableau de l’Ordre en moyenne à 33,5 ans et les hommes à 36 ans. Et le remplacement est décidemment en passe de devenir un mode d’exercice à part entière. Le cap des 10 000 remplaçants est désormais franchi dont les deux tiers sont généralistes. D’où une densité de nombre de médecins en « activité régulière » qui recule de 2 % et donc une offre de soins qui s’étiole. Le nombre de remplaçants a augmenté de 5,5 % en 2008 et de 500 % en vingt ans.
Prenant acte de cette réalité, le président du CNOM, le Dr Michel Legmann, souhaite « qu’on donne un véritable statut au remplaçant, qu’ils aient des feuilles de maladie à leur nom et qu’ils puissent ainsi travailler sous leur nom ». Dans le même temps, le CNOM suggère de façon assez inattendue de « plafonner la durée de remplacement à la sortie de l’internat ». Évolution plus encourageante du point de vue de l’Ordre, le recours à la collaboration libérale progresse. « Nous incitons les remplaçants à devenir collaborateur libéral, indique le Dr Patrick Romestaing, président de la section Santé Publique. Une zone rurale, cela peut d’ailleurs être un bon moyen de découvrir l’exercice avant une véritable installation ».
Il reste que l’ensemble des régions de France métropolitaine accuse une baisse de la démographie. Seuls les départements de l’Allier, du Cantal et de la Creuse n’enregistrent aucune variation de leurs effectifs. A contrario, 18 départements recensent une augmentation allant de 35 nouveaux inscrits avec une activité régulière à 2 dans les Hautes-Alpes et la Somme. Les autres départements enregistrent des diminutions. La situation la plus dramatique se trouve dans la Meurthe-et-Moselle qui a perdu 427 praticiens l’an dernier. La Picardie demeure le département le moins bien doté avec une densité médicale, digne des années soixante-dix, de seulement 250 médecins pour 100 000 habitants contre 260 en 2007. « Les mesures incitatives n’ont pas eu les effets escomptés, juge le Dr Legmann. Mais je regrette surtout le discours démagogique des élus qui réclament des médecins là où il n’y en a jamais eu ». Fermement opposé à la coercition, l’Ordre mise sur le regroupement des médecins, la coopération interprofessionnelle et l’évolution des modes de rémunération.
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