La plupart des campagnes qui ont été menées en Grande-Bretagne afin de réduire l'incidence des chutes chez les femmes de 60 à 79 ans ont été focalisées sur les personnes polymédicamentées. En effet, l'association de certaines molécules - et en particulier celles agissant sur le système nerveux central - majore de façon significative le nombre des chutes. Or ces événements peuvent entraîner des fractures et s'accompagner à moyen terme d'un handicap social. « Si on sait que ce type de campagne est efficace, il est aussi essentiel de connaître avec plus de précision les autres groupes de patientes vulnérables qui pourraient, elles aussi, bénéficier de mesures de prévention. En outre, il est crucial de savoir si les chutes sont en rapport avec le traitement ou si elles ont un lien avec la pathologie sous-jacente qui a motivé la prescription », explique le Dr Debbie Lawlor (Bristol, Royaume-Uni).
4 050 femmes
Pour répondre à cette question, l'équipe d'épidémiologistes britanniques a mis en place une étude rétrospective sur sur 4 050 femmes âgées de 60 à 79 ans suivies par un médecin traitant de l'une des 23 villes retenues. Elles ont reçu, ainsi que leur praticien référent, un questionnaire détaillant les pathologies, les traitements, le nombre éventuel de chutes survenues au cours des douze mois précédents ainsi que leurs conséquences.
Sur l'ensemble de ces femmes, 686 (16,9 %) étaient tombées au moins une fois au cours de l'année précédente. Elles étaient 7 % a être tombées plusieurs fois et 6,8 % a avoir bénéficié d'au moins une hospitalisation en raison de chutes. Au total, 55 femmes ont présenté au moins une fracture au cours de l'année précédente : pour 15 d'entre elles, il s'agissait d'une fracture du col du fémur et pour 41 autres, le poignet était atteint. « L'analyse des données permet de retenir certains facteurs favorisant des chutes : l'âge élevé, l'existence de pathologies chroniques, la polymédication et un indice de masse corporelle élevé. En revanche, l'existence d'une hypotension orthostatique, d'une tension artérielle basse en position debout ou d'un taux d'hémoglobine bas n'influent pas de façon significative sur l'incidence des chutes », précise le Dr Lawlor.
Les auteurs ont analysé l'influence des traitements sur l'incidence des chutes.
Certaines familles médicamenteuses
Pour 70 % des femmes incluses, le traitement comportait au moins un médicament de façon régulière et 15,4 % d'entre elles consommaient chaque jour au moins 5 types de traitements distincts. « Nous n'avons pas retrouvé de corrélation entre le nombre des traitements et l'incidence des chutes. Néanmoins, la consommation de certaines familles médicamenteuses - hypnotiques, anxiolytiques et antidépresseurs - apparaît comme un facteur de risque », explique le Dr Lawlor.
L'existence de pathologies sous-jacentes a aussi été prise en compte. Plus de 75 % des femmes étaient atteintes d'au moins une maladie considérée comme chronique. Parmi ces pathologies, certaines semblent majorer le risque des chutes de façon notable. Il s'agit des maladies cardio-vasculaires, des broncho-pneumopathies obstructives, des dépressions et de l'arthrose. Cette majoration reste significative même lorsque sont pris en compte les traitements prescrits.
Pour les auteurs, « ces affections chroniques peuvent majorer le risque de chutes de façon directe (l'arthrose, par exemple, en limitant la mobilité) ou par un mécanisme indirect (activité physique habituelle réduite, faiblesse musculaire, mauvais équilibre...). L'adoption de mesures de prévention spécifiques vis-à-vis des populations les plus à risques pourrait permettre de limiter l'incidence des chutes, des factures et minorer le handicap social en découlant ».
« British Medical Journal », vol. 327, pp. 712-715, 27 septembre 2003.
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