Christine Malèvre, jugée en appel depuis le 2 octobre à Paris pour les « assassinats » de sept patients, n'a pas modifié sa ligne de défense, malgré le renfort de nouveaux avocats.
L'ex-infirmière de Mantes-la-Jolie a réaffirmé ce qu'elle avait soutenu à la barre lors du premier procès. Elle a été condamnée le 30 janvier à dix ans de réclusion pour la mort de six patients, alors qu'elle était affectée au service de pneumo-neurologie du centre hospitalier de Mantes-la-Jolie (Yvelines).
Tout au long du procès en appel, elle a souligné n'avoir provoqué volontairement que la mort de deux patients, Patrick Hauguel et Hubert Bruyelle, et affirme avoir agi « à leur demande ».
Elle a parlé d'accidents dus, selon elle, à des surdoses de médicaments pour Dominique Kostmann et Jacques Gutton. Elle a nié avoir joué un rôle quelconque dans les morts de Raymond Baudet, Patrice Collin et de Denise Le Maout.
Me Michel Zaoui, venu renforcer la défense de Me Charles Libman, déclarait, au début de ce procès, que Christine Malèvre était « très résolue à démontrer que les trois quarts des faits qui lui sont reprochés n'ont pas été commis par elle ». Il affirmait également qu'elle avait « beaucoup réfléchi et pris sa vie en main » depuis qu'elle est incarcérée. « Elle va s'expliquer mieux », assurait-il. Mais il semble qu'elle n'a, à l'étude des cas, que peu convaincu.
La hiérarchie en question
Pour sa défense, Christine Malèvre invoque les difficiles conditions de travail dans un service où le contact avec les médecins et ses supérieurs était, selon elle, « mauvais ».
Me Michel Zaoui a tenté de mettre en cause la hiérarchie de l'hôpital à travers le fonctionnement du service de neuro-pneumologie dans lequel était affectée la jeune femme. L'avocat a voulu démontrer que ses supérieurs avaient été alertés du comportement anormal de l'infirmière, sans pour autant qu'ils agissent. Des collègues de Christine Malèvre avaient ainsi fait état de « doutes » et alerté le Dr Laurence Kouyoumdjian, pneumologue, à la fin de 1997. Interrogée par l'avocat, le médecin a expliqué qu'il leur avait conseillé « de pister » leur collègue pour vérifier les « rumeurs » et alerté le Dr Olivier Ille, son chef de service. Le Dr Ille a cependant assuré devant la cour qu'il n'avait appris l'existence des rumeurs qu'après la révélation des faits reprochés à Christine Malèvre en mai 1998.
Pour Me Zaoui, « le vrai problème de ce service, c'est d'avoir attendu des certitudes alors que le doute aurait dû pousser à dire "ça suffit" ».
Chef de service à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, le Pr Vincent Meininger, spécialiste de la sclérose latérale amyotrophique, a défendu « l'aide à mourir » qu'il pratique dans son service, c'est-à-dire l'utilisation « de traitements qui soulagent les souffrances, mais dont nous savons qu'ils sont potentiellement mortels ». Le médecin a cependant insisté sur la nécessité du dialogue avec les malades, leur famille, et au sein de l'équipe soignante. Christine Malèvre est accusée d'avoir agi seule sans en référer ni à sa hiérarchie ni aux familles des patients. Verdict aujourd'hui.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature