Christine Malèvre, l'ancienne infirmière de Mantes-la-Jolie qui comparaissait pour sept assassinats, n'a pas emporté la conviction des jurés malgré les efforts de son avocat, Me Charles Libman, qui demandait son acquittement. Pendant ces dix jours d'audience, elle n'a reconnu être responsable que de deux décès, et affirme qu'elle avait aidé ses patients gravement malades à mourir, à leur demande.
Me Libman, qui s'est toujours défendu de transformer l'affaire Malèvre en débat sur l'euthanasie, s'est toutefois régulièrement référé, au cours de sa plaidoirie, à cette question. « Elle observera de sa prison le débat sur les soins palliatifs et l'euthanasie », a indiqué l'avocat, membre du comité de parrainage de l'Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), à l'issue du procès. Mais Christine Malèvre peut-elle jouer de son expérience pour prétendre y participer de façon privilégiée ? L'ancienne infirmière a donné l'impression, tout au long des débats, de se servir d'une cause pour justifier ces gestes « qu'elle n'aurait pas dû faire en tant qu'infirmière », a-t-elle dit en manière de regret. Contrairement à ce qu'a voulu faire entendre son avocat, elle ne paraît pas être pétrie de cette humanité charitable, même si elle joue, comme l'a souligné l'avocat général, Alain Junillon, « la petite fille simplette dans un monde de brutes ».
L'a-t-on vue s'élever, avant la révélation des faits, contre le manque de prise en charge de la douleur ? L'a-t-on vu se révolter contre le manque d'écoute des patients et de leur famille au sein du service ? Christine Malèvre ne dit rien et agit seule, dans le silence des chambres des patients, telle une meurtrière. Croira-t-on qu'elle seule, dans un service aussi lourd, peut ressentir la souffrance ?
Dans les médias
Il est facile d'imaginer la blessure des soignants et des familles des victimes lorsque, quatre mois après sa mise en examen, Christine Malèvre témoigne dans l'émission « la Marche du siècle », s'élevant ainsi au rang de « madone de l'euthanasie ». « Il faut l'en blâmer », avoue son avocat Me Libman. De même que pour son livre « Mes aveux », publié en 1999, « elle a eu tort », a-t-il ajouté, le tort de se mettre en scène. En a-t-elle seulement conscience ? Il est à craindre que non si l'on s'en tient à la photo publiée dans « Paris-Match , à deux jours du verdict, où Christine Malèvre pose souriante aux côtés de son nouveau compagnon. « Elle mène une vie on ne peut plus normale », assurera Me Libman dans sa plaidoirie. Certes mais est-ce suffisant pour évacuer toute culpabilité ?
Peut-on également se satisfaire de dire, comme le fait le sénateur Henri Caillavet, président d'honneur de l'ADMD, que si Christine Malèvre « avait été médecin, elle n'aurait pas été poursuivie » ? « Christine Malèvre, en tant qu'infirmière, est le maillon faible du pouvoir médical, poursuit-il. Elle est victime du dysfonctionnement de l'hôpital ». Si, dans cette affaire, bien des choses auraient pu être évitées (les soupçons sur les agissements de Christine Malèvre pesaient dans le service depuis plusieurs mois avant que quelqu'un n'avertisse la direction), il est improbable que Christine Malèvre soit la victime du système hospitalier : à la barre, la plupart des soignants ont déclaré s'être sentis trahis par l'ancienne infirmière, qui a agi en catimini. Car lorsqu'on évoque l'euthanasie, tous parlent de décisions formulées et collectives.
Christine Malèvre a fait appel de sa condamnation à dix ans de réclusion criminelle prononcée par la cour d'assises des Yvelines, qui l'a reconnue coupable de six des sept assassinats de patients dont elle était accusée. L'infirmière devrait être rejugée pour les sept assassinats. Me Libman pourrait, par conséquent, déposer dans les prochains jours une demande de remise en liberté de sa cliente. Ce serait alors à la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles de se prononcer, en attendant le procès de la jeune femme devant une cour d'assises d'appel.
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