Condamnée en janvier dernier à dix ans de prison pour l'assassinat de six de ses patients et acquittée dans un septième cas, l'ex-infirmière Christine Malèvre affronte à nouveau les assises à partir d'aujourd'hui, à Paris.
Pour ce procès en appel, Christine Malèvre, 33 ans, en prison depuis huit mois, a renforcé sa défense. Elle a trois avocats et Charles Libman est aidé par un autre pénaliste chevronné, Michel Zaoui. Face à eux, le même groupe d'avocats des parties civiles qui avaient défendu avec efficacité les familles des victimes, en refusant de se laisser entraîner dans un débat sur le droit à l'euthanasie et qualifiant la jeune femme de « tueuse en série ».
L'ex-infirmière de l'hôpital de Mantes-la-Jolie ne devrait pas, selon sa défense, revenir sur ses derniers aveux. Elle avait reconnue avoir aidé deux des sept patients à mourir, ainsi que deux « gestes » pour soulager la douleur, mais assuré dans ces derniers cas n'avoir pas voulu donner la mort. Depuis que l'affaire a éclaté en 1998, Christine Malèvre a beaucoup varié dans ses déclarations - et dans son livre « Mes Aveux » publié en mars 1999. Elle « espère aujourd'hui que la cour d'assises la comprendra mieux, ainsi que le contexte dans lequel elle a agi », dit Me Libman.
Ses avocats assurent n'avoir pas l'intention de transformer la salle d'audience en forum sur le droit à l'euthanasie mais veulent tenter d'expliquer ce qu'ils considèrent comme des « gestes euthanasiques ». « Il y a une hypocrisie gigantesque dans le monde hospitalier sur ce sujet. Christine Malèvre paye pour tous ceux qui font la même chose et ne se font pas prendre. On ne peut pas la juger sans réfléchir sur l'aide à mourir », estime Me Zaoui.
La mort de Vincent Humbert, après le geste de sa mère Marie, pourrait peser sur les débats. L'affaire Humbert « montre bien qu'on ne peut pas faire l'économie d'un débat sur l'euthanasie même si les deux affaires ne peuvent pas être comparées », dit encore l'avocat.
Reste que les familles ont toujours assuré que leurs proches n'auraient jamais demandé qu'on mette fin à leur vie et que le personnel de l'hôpital de Mantes-la-Jolie reproche à la jeune femme d'avoir agi seule. « Elle a agi seule mais elle n'était pas toute seule », rétorque Me Zaoui.
Les experts qui l'ont reconnue pénalement responsable de ses actes pensent qu'elle « entretiendrait une fascination morbide pour la maladie ».
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