Les données épidémiologiques britanniques surprennent, trouvant une fréquence plus bien plus élevée d'infections à Chlamydiae trachomatis chez les femmes que chez les hommes. Aussi la notion de biais de sélection a été évoquée à propos des enquêtes menées chez les hommes. Pour tenter de rétablir la vérité, Louise McKay (Edimbourg, Ecosse) et coll. ont recherché de façon systématique la bactérie dans une population masculine en tentant d'éviter ce fameux biais de sélection. Ils ont pu montrer qu'effectivement la prévalence de C. trachomatis dépasse largement les 1 à 2-2,2 % des hommes jeunes comme précédemment décrit, pour s'approcher des 10 %.
La caserne de Glencorse, à proximité d'Edimbourg, a servi de réservoir de volontaires. Lors des visites d'incorporation, menées d'avril 2001 à avril 2002, il a été demandé aux conscrits s'ils acceptaient qu'à l'analyse d'urine systématique soit greffé un dépistage de C. trachomatis. Aucun refus n'a été enregistré, ce qui a permis de dépister 798 hommes, de 16 à plus de 25 ans. Autre intérêt du travail, les jeunes recrutés provenaient de tout le Royaume-Uni et même, pour certains, d'autres pays du Commonwealth. Cette enquête, enfin, est entrée dans le cadre du projet « Healthy Respect » visant à protéger les jeunes Ecossais des MST et des grossesses précoces.
9,8 % de recherches positives
Sur les 798 recherches pratiquées, 78 se sont révélées positives, soit 9,8 % (IC : 7,8-12,04). Les conscrits ayant été classés par âge, de 16 à 25 ans, puis au-delà, les médecins ont constaté un taux d'infection similaire dans tous les groupes. En excluant des données les militaires originaires du Commonwealth, soit 84 sujets, la prévalence de l'infection change peu, passant à 9,3 %.
Les interrogatoires n'ont pu déterminer dans quelles circonstances l'infection avait été contractée.
Parmi les 78 personnes infectées, 69, soit 88 %, étaient asymptomatiques. Et les 12 % restants ne présentaient que des signes cliniques mineurs, qui n'avaient d'ailleurs pas été signalés au cours de l'examen médical.
Remettant en cause les données généralement admises sur l'infection à C. trachomatis, les conclusions de cette étude semblent d'importance. Les auteurs relèvent certes la diminution de l'écart de prévalence de l'infection entre hommes et femmes. Ils notent aussi que, selon leurs calculs, les infections asymptomatiques dépassent le chiffre de 50 % généralement admis. Donnée qui confirme la place du dépistage masculin opportuniste dans la recherche de l'infection. Dernière information nouvelle : la bactérie ne touche pas préférentiellement les 25-34 ans, comme on le pensait, mais bien toutes les tranches d'âge.
Des sujet n'ayant jamais eu de relations sexuelles
« La force de cette étude, relèvent les auteurs, tient à ce que la population ne s'était pas autosélectionnée en termes d'activité sexuelle et que la participation a été de 100 %. » Ce dernier chiffre leur permet d'ailleurs d'aller plus loin dans leur réflexion. « Puisque quelques recrues risquaient de n'avoir jamais eu de relations sexuelles, le taux d'infection à chlamydiae parmi les hommes sexuellement actifs dépasse probablement 9,8 %. » Rien n'a démontré, parmi les sujets enrôlés, qu'ils aient eu une activité sexuelle particulièrement élevée. D'ailleurs, les personnes infectées avaient eu une médiane d'un partenaire (moyenne : 1,68) au cours du dernier semestre.
Dernier point : les résultats positifs ont été bien sûr communiqués aux intéressés, sous couvert du secret médical. Ils ont été traités par azithromycine et ont bénéficié d'un suivi.
« Lancet », vol. 361, 24 mai 2003, p. 1792.
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