LA PRISE EN CHARGE rapide des patients dont le séjour dure moins de 12 heures rebat les cartes de l’organisation hospitalière et bouscule bon nombre d’habitudes au sein des équipes. Au bloc opératoire, l’ambiance dans laquelle sont prises les décisions et les relations entre le chirurgien et l’anesthésiste ont même une incidence directe sur la survenue de complications. Le Pr Jean-Pierre Triboulet, chirurgien digestif au CHRU de Lille et ancien président de l’association française de chirurgie ambulatoire (AFCA) a rappelé que « ces tensions sont responsables de complications quatre fois plus nombreuses », lors d’un séminaire consacré à la chirurgie ambulatoire organisé par l’Agence nationale d’appui à la performance des établissements de santé et médico-sociaux (ANAP). Le Dr Thierry Gazeau, anesthésiste-réanimateur à la clinique Jules Verne de Nantes, confie avoir franchi quelques obstacles pour instaurer ce climat serein nécessaire au développement de la chirurgie ambulatoire. « Cette organisation n’est pas un territoire de pouvoir. Il faut faire un attelage où le coordonnateur ne soit pas le chef de projet, entouré de référents et de réseaux », explique-t-il en insistant sur l’importance de la fluidité des relations et de l’organisation. « Une bonne atmosphère est favorisée par un environnement approprié avec des blocs adaptés, réservés à ces interventions rapides auxquelles participent des équipes dédiées et bien organisées », ajoute le Dr Éric Doullay, chirurgien ORL au centre hospitalier de Martigues.
Appel au dialogue.
Mais, entrer dans la course de la chirurgie ambulatoire serait aussi une question de volonté réclamant quelques efforts aux praticiens seniors plus expérimentés au caractère parfois bien trempé. « Dans ces nouvelles prises en charge, les équipes ne disposent plus du temps d’hospitalisation qui pouvait servir d’amortisseur. La distribution des rôles selon les compétences devient essentielle, de même la communication doit être simple pour partager l’information et éviter aussi de se contredire face au patient », témoigne Anne Calais, directrice du pôle bloc anesthésie au CHRU de Tours. Des relations tendues entre médecins et chirurgiens peuvent aussi ruiner la motivation d’une équipe. Contrairement à la chirurgie lourde, lorsque tout fonctionne en ambulatoire, c’est une équipe au complet qui monte sur le podium. En invitant les chirurgiens et les anesthésistes à se parler davantage et à se réunir pour régler ensemble les problèmes de planning, mettre au point les protocoles les mieux adaptés ou encore échanger sur les problèmes spécifiques rencontrés au bloc, le Dr Stanislas Johanet de l’ANAP explique que bon nombre d’équipes ont déjà trouvé des solutions pour régler les climats un peu électriques au sein des équipes. Un préalable indispensable pour mettre en place des circuits courts... et éviter les courts-circuits.
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