Pour le patient, une des grandes avancées de l’ophtalmologie contemporaine est de pouvoir abandonner ses lunettes une fois opéré. « Tous les défauts deviennent accessibles », s’est enthousiasmé le Pr Béatrice Cochener (CHU de Brest, présidente de la Société Française d’Ophtalmologie).
L’essor de la chirurgie combinée
« La chirurgie de la cataracte peut aujourd’hui prétendre au qualificatif de chirurgie réfractive, c’est-à-dire qu’elle permet de ne plus avoir de lunettes si l’œil est fonctionnel, qu’il n’existe pas d’amblyopie ni d’atteinte de la macula ou du nerf optique », a ajouté cette spécialiste. 600 000 interventions pour cataracte sont réalisées chaque année. Au point d’être la première intervention pratiquée toutes spécialités confondues. La personnalisation du traitement permet de proposer des solutions individuelles grâce aux progrès de l’imagerie intra-oculaire au service de l’ajustage précis de l’implant. « Les techniques ont évolué avec des machines qui ont progressé », a souligné le Pr Cochener. Autrement dit : petite incision, grande sécurité, et ce avec des implants qui proposent plus de souplesse et de latitude en géométrie. Une des avancées concerne la mise au point des lentilles modifiées dans leurs formes qui permettent en même temps de corriger l’astigmatisme. C’est ce que l’on appelle la chirurgie combinée qui peut, dans le même temps, associer cataracte + glaucome, cataracte + greffe de cornée, cataracte + décollement de rétine.
« Il faut bien comprendre que cette chirurgie sans lunettes dans les suites n’est pas possible pour tout le monde », a nuancé Thanh Hoang Xuan (secrétaire général de la Société Française d’Ophtalmologie). Des implants accomodatifs encore à l’étude sont conçus pour bouger dans l’œil et suivre les mécanismes physiologiques de l’accommodation. Ils ne sont pas tout à fait au point et on ne connaît pas leur durabilité.?» Ces implants occasionnent un surcoût de 500 à 1 200 euros par œil selon l’établissement où l’intervention est pratiquée. À la consultation de l'examen préopératoire, la mesure rigoureuse des différentes caractéristiques de l'œil permet de déterminer le type de lentille nécessaire. Le plus souvent, une anesthésie locale est suffisante pour la réalisation de cette intervention d’une quinzaine de minutes via deux incisions très fine pour l’accès au cristallin. Ensuite, après découpage des tissus entourant le cristallin, le chirurgien procède à sa dissolution par fragmentation aux ultrasons. L’implant est ensuite inséré dans l’espace libéré.
La presbytie désormais opérable
Pour les greffes de cornée, la chirurgie a également beaucoup progressé. Le laser femtoseconde est capable de réaliser des ablations tissulaires et des incisions automatisées d’une grande précision. Il permet de changer l’ensemble de la fenêtre cornéenne en respectant les berges tissulaires. La découpe automatisée assure l’adéquation totale de la greffe à l’œil du receveur. « Les résultats ne sont pas aussi bons qu’on le pensait car il peut donner des altérations optiques inattendues », a reconnu le Pr Cochener. Un tout nouveau matériel permet de cliver dans l’épaisseur de la cornée. Il est donc devenu possible d’enlever uniquement les tissus abîmés et d’agir sur certaines couches de cornée pour faire des greffes lamellaires. Le laser Intracor permet d’envisager un traitement cornéen de la presbytie. Cette technique permet de remodeler la cornée, tout comme le Lasik, mais, ici, le laser intervient directement dans la cornée, sans avoir besoin de la réalisation d'un capot cornéen. D’où la suppression des risques et complications éventuelles postopératoires dûs aux autres techniques plus invasives. Le confort post-opératoire est amélioré (baignade, frottement des yeux, sensations de gênes post-opératoires chez certains sujets), et on pourrait imaginer ne plus avoir de traitement post-opératoire (gouttes, collyres cicatrisants). Inconvénient : cette technique est encore réservée à certaines indications. Elle ne s'applique qu'à certaines presbyties présentant uniquement des troubles de la vision de près (presbytes emmétropes) ainsi qu'à de toutes petites myopies, hypermétropies et astigmatismes. « Le défi est presque gagné pour la presbytie », a souligné le Pr Béatrice Cochener.
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