L A compétence immunologique est toujours un facteur important de récupération. Des essais menés chez des patients dans des états cliniques graves, opérés d'une tumeur, ou traumatisés, ont confirmé l'intérêt d'une immunostimulation par des compléments alimentaires, en termes de paramètres biologiques, de taux d'infections et de durée d'hospitalisation. Une étude supplémentaire, menée aux Pays-Bas, est publiée par le « Lancet » sur cette question.
Il s'agit cette fois de patients devant subir une intervention cardiaque alors qu'ils sont âgés d'au moins 70 ans, ou qu'ils présentent une fraction d'éjection inférieure à 0,4, ou encore de patients devant subir un remplacement de la valve mitrale. En outre, alors que les essais antérieurs avaient été effectués avec une supplémentation postopératoire, l'étude néerlandaise porte sur une supplémentation préopératoire.
L-arginine, acides gras oméga 3, ARN de levure
Cette supplémentation orale (Oral Impact, Novartis) est une solution de L-arginine, qui améliore la fonction des macrophages et des cellules T, ainsi que la cicatrisation, d'acides gras oméga 3 polyinsaturés, qui limitent la réponse inflammatoire, enfin d'ARN de levure, dont les bases sont utilisées comme nutriment par les cellules en division rapide et renforcent la réponse lymphoproliférative.
Cinquante patients ont donc été répartis en deux groupes, recevant soit la supplémentation, soit une solution placebo durant 5 à 10 jours avant l'intervention (soit 5 à 10 litres de solution absorbée). Les échantillons sanguins prélevés avant la supplémentation, avant et durant l'intervention, durant le passage en soins intensifs, puis tout au long de l'hopitalisation postopératoire montrent un renforcement des paramètres immunitaires dans le groupe supplémenté.
L'expression des épitopes HLA-DR des monocytes est ainsi augmentée avant l'intervention (l'écart avec le groupe contrôle devient non significatif après l'intervention). Le taux d'interleukine 6, cytokine pro-inflammatoire, est, lui, diminué avant et après l'intervention. Enfin, l'hypersensibilité retardée des patients supplémentés est renforcée durant tout le séjour à l'hôpital. On note également que la fonction rénale semblait meilleure chez les patients supplémentés, phénomène que les auteurs attribuent soit à des paramètres hémodynamiques plus stables, soit à un effet protecteur direct de l'arginine sur la fonction rénale, que suggèrent certaines études.
Sur le plan clinique, on relève quatre infections, dont une infection du myocarde parmi les 23 patients finalement analysés dans le groupe supplémenté, contre 12 infections, dont 3 infections du myocarde, parmi les 22 patients du groupe contrôle. Quant aux durées d'hospitalisation après l'intervention, elles sont respectivement de 7,5 jours et 9,5 jours, tendance favorable qui n'est toutefois pas significative.
Les auteurs soulignent qu'aucun effet indésirable de la supplémentation n'a été observé, notamment aucune majoration des saignements, malgré l'effet des acides gras omega 3 sur les prostaglandines et l'aggrégation plaquettaire. Ils se prononcent donc logiquement en faveur d'une supplémentation immunostimulante, au moins chez les patients les plus à risque.
R. Tepaske et coll. « Lancet » 2001 ; 358 : 696-701.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature