Chronique électorale
Dans un discours prononcé à Châteauroux, le président de la République a demandé aux Français de lui donner une majorité parlementaire « forte et cohérente ».
Cette intervention a été saluée par un tollé à gauche où l'on reproche au chef de l'Etat de s'immiscer dans une campagne qui ne le concerne pas, puisqu'il est déjà élu et qu'il n'est pas censé peser sur le choix des électeurs.
Tous les précédents montrent que les présidents élus n'ont jamais hésité à solliciter les voix de l'électorat dans le cadre des législatives, y compris de Gaulle, y compris Mitterrand. En outre, les institutions de la Ve République ont pour vocation non pas d'instaurer un régime de cohabitation, mais de faire en sorte que le législatif et l'exécutif appartiennent au même bord politique. L'expérience a montré que la cohabitation, loin de constituer une exception, s'est transformée, avec le temps, en règle presque permanente, ce qui n'a guère facilité la gestion de la France.
Cependant, la gauche souligne que M. Chirac a été réélu, au second tour, par une majorité démocrate et non pas seulement par des sensibilités de droite. Son mandat, explique-t-elle, était uniquement d'empêcher Jean-Marie Le Pen de réaliser un score élevé. Aujourd'hui, M. Chirac demande à ceux qui l'ont élu bien qu'ils fussent de gauche de récidiver, en quelque sorte, mais cette fois en abandonnant leur propre camp politique.
Mais M. Chirac n'a rien dit de tel. Il veut seulement mettre un terme à la cohabitation, dont une forte majorité de Français pense aujourd'hui que, loin d'équilibrer les pouvoirs, elle nuit à l'action gouvernementale. Il est vrai que, en conjurant un cas de figure qui l'a mis à l'épreuve pendant cinq ans, le président veut éviter d'avoir à prendre, au lendemain d'une victoire éventuelle de la gauche, des décisions d'une insigne gravité, comme sa propre démission (en l'occurrence le choix le plus digne, mais aussi le plus douloureux pour lui), ou un projet pour changer la Consitution, ou encore une dissolution de l'Assemblée après un an seulement de législature.
M. Chirac se situe donc dans une logique indiscutable. Les électeurs de gauche, qui n'ont voté pour lui qu'à contrecur lors du second tour de la présidentielle, resteront de toute façon insensibles à son message. Et la gauche elle-même ne saurait contester que la cohabitation, décidément, n'est pas l'idéal.
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