La moyenne des sondages publiés récemment, y compris celui de CSA, que « Libération » a publiée lundi donne à Lionel Jospin un avantage croissant sur Jacques Chirac.
Bien entendu, on est imperturbable dans les deux camps. A gauche, on ne veut pas triompher prématurément, même si l'on est secrètement encouragé par une tendance qui se confirme chaque jour ; à droite, on feint d'ignorer de mauvais résultats : après tout, en 1995, M. Chirac n'a commencé à devancer Edouard Balladur que pendant les toutes dernières semaines de la campagne.
Le chef de l'Etat et le Premier ministre ne ménagent pas leurs efforts et multiplient leurs apparitions. Tout le monde dit que M. Jospin a réussi sa prestation sur TF1, dimanche dernier, qu'il s'est montré plus décontracté que le jeudi précédent sur FR2. Mais qu'est-ce qui explique que les sondages se soient retournés en sa faveur ?
Il est possible que les Français se méfient moins de lui que du président et que l'annonce par M. Chirac d'une baisse d'impôts de un tiers en cinq ans n'ait pas été prise au sérieux.
Le problème du chef de l'Etat, c'est qu'il n'a pas pu agir pendant son septennat. Entre 1995 et 1997, il a géré la pénurie en soutenant les mesures sévères d'Alain Juppé. Après 1997, il n'a pu que cohabiter. M. Chirac n'a donc pas de bilan alors que M. Jospin a réalisé de nombreuses réformes sociales et morales, auxquelles les Français n'ont pas été insensibles.
Le chef du gouvernement fait une bonne campagne dans la mesure où il a su adopter un ton plutôt humble. On lui a reproché de se montrer trop fier de ce qu'il a accompli, mais il a reconnu aussi qu'il n'a pas su traiter l'insécurité.
L'optimisme apparent de M. Jospin est seulement destiné à gommer son image austère. Il déclare sans ambages qu'il n'est pas sûr d'obtenir une majorité parlementaire et que, s'il gagne la présidentielle et si la gauche perd les législatives (les Français sont tellement facétieux !), il cohabitera.
Il ne court pas de risques. La cohabitation est un très mauvais système, mais les Français aiment bien l'équilibre des pouvoirs. Ils y voient une bonne traduction de la démocratie. Pourtant, un gouvernement qui démantèlerait les 35 heures réduirait le financement des programmes sociaux et diminuerait les charges sociales des entreprises irait exactement à contre-courant de tout ce que M. Jospin a fait pendant cinq ans. Comment pourrait-il entériner de telles mesures ?
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