J ACQUES CHIRAC revient d'un voyage en Russie où il a approuvé publiquement le transfert au Tribunal pénal international de Slobodan Milosevic. Ce qui lui a valu une vive répartie de Vladimir Poutine, qui avait du mal à cacher sa colère. Ainsi le président de la République a-t-il réaffirmé l'indépendance de la politique française.
D'autant qu'il a tout de même trouvé des points de convergence avec son homologue russe, notamment sur l'équilibre des armes stratégiques. La France démontre qu'elle a sa vision spécifique des relations internationales et qu'elle fait des choix souverains. Ce qui ne saurait surprendre M. Poutine, qui a déjà trouvé en Europe un large soutien à ses positions hostiles au projet américain de missiles antimissiles. M. Chirac s'est gardé toutefois de poser, officiellement et publiquement, la question tchétchène. S'il l'a fait, ce ne peut être que dans le secret des entretiens privés qu'il a eus avec le président russe.
Le chef de l'Etat se présente donc comme un adepte de la realpolitik, en ce sens qu'il ne cherche pas à juger les régimes avec lesquels il entretient un dialogue. Récemment, il souhaitait renouer avec la Syrie et il a accepté d'accorder à Bachar el Assad une visite d'Etat qui en a indigné plus d'un. Au moins a-t-il montré qu'il n'a pas fait d'exception avec la Russie, pays avec lequel il est impossible de rompre les conversations.
George W. Bush a précédé M. Chirac à Moscou et lui non plus n'a pas perdu de temps avec la Tchétchénie. Le président français peut donc dire que la France n'en fait pas moins, dans ce domaine, que les Etats-Unis.
On ne se satisfera pas pour autant de cette prudente diplomatie. Le maire de Paris, Bertrand Delanoë, a reçu Bachar el Assad, lui a serré la main, mais a prononcé un discours fort courageux dans lequel il n'a pas épargné l'antisémitisme. On dira que M. Delanoë n'a pas les responsabilités du président ; il n'en demeure pas moins que son attitude aura été encourageante et que rien ne prouve que, si M. Chirac avait fait à Moscou un discours sur la Tchétchénie, les relations avec Moscou se seraient détériorées.
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