Les conséquence de l'AVC du président

Chirac : avion contre-indiqué pour six semaines

Publié le 11/09/2005
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LE PRESIDENT de la République doit « éviter les déplacements aériens durant les six semaines qui viennent », indique le communiqué publié par l'hôpital militaire du Val-de-Grâce, peu après la sortie de Jacques Chirac, vendredi. Se disant « quelqu'un de discipliné » et ayant promis d'être « raisonnable », il a renoncé à se rendre au sommet de l'ONU, consacré à partir de demain à la lutte contre la pauvreté dans le monde. La semaine dernière, son hospitalisation l'avait déjà contraint à annuler un déplacement en Allemagne où il devait rencontrer Gerhard Schröder à moins de deux semaines des élections.

« En très bonne forme ».
Cependant, Jacques Chirac s'affirme «  en très bonne forme ». Venu à pied, en compagnie de ses médecins et du personnel médical, jusqu'à la grille de l'hôpital, il a échangé quelques mots avec chacun, arborant un teint halé et multipliant de larges sourires.
Confirmant que son état de santé est « très satisfaisant », le bulletin de santé rappelle qu'il avait été « hospitalisé le vendredi 2 septembre à la suite d'un accident vasculaire correspondant à un hématome de petite taille, expliquant le caractère isolé et limité du trouble de la vision ».
Dans ces conditions, « il lui a été recommandé, ajoute le communiqué, de prendre le maximum de repos dans les quinze jours à venir. Comme il est de règle en pareil cas, il fera l'objet de contrôles réguliers ».
Quoi qu'il en soit, le patient président a déclaré aux journalistes : « Je vais rentrer chez moi et reprendre mes activités. Les médecins m'ont recommandé pendant une semaine d'être raisonnable - je cite leurs propos - et je serai autant que possible raisonnable. »
Au passage, Jacques Chirac a salué dans un vibrant hommage « la compétence, la générosité, la gentillesse, le dévouement de l'ensemble des personnels des hôpitaux, depuis les plus éminents spécialistes, qui sont parmi les meilleurs du monde, et aussi l'ensemble des personnels aussi bien soignants que de service. On est véritablement fier, en France, quand on est français de ce dont nous disposons ».
Au sujet de la nature de l'accident dont il a été victime, le président a déclaré aux journalistes : « Vous savez très exactement les raisons qui m'ont conduit à passer une semaine à l'hôpital, je n'y reviendrai pas. » Son hospitalisation a cependant relancé le débat sur la « transparence » au sujet de la santé du chef de l'Etat, un débat alimenté par la rareté des bulletins médicaux en provenance du Val-de-Grâce et les informations médicales limitées qu'ils contenaient (« le Quotidien » du 7 septembre).
Philippe Douste-Blazy, ministre des Affaires étrangères et agrégé de cardiologie, a assuré pour sa part sur une radio que ce qu'il « sait » de l'accident subi par M. Chirac « prouve que c'est quelque chose de très petit ».

Une précaution chez un convalescent

Le communiqué précisant que le président devrait « éviter les déplacements aériens durant les six semaines qui viennent » n'a pas manqué de surprendre les médecins.
Interrogée par le « Quotidien », le Dr Philippa Lavallée, chef de clinique-assistant dans le Centre d'accueil et de traitement de l'attaque cérébrale du Pr Pierre Amarenco (hôpital Bichat, Paris), précise qu'un transport aérien n'est pas contre-indiqué dans la suite d'un AVC, qu'il soit ischémique ou hémorragique. Surtout chez un patient sortant. D'ailleurs, il n'est pas rare de rapatrier par avion des patients ayant eu un AVC ou un infarctus du myocarde sévère.
Le Pr Amarenco ajoute que « c'est ce que contient le déplacement qui est contre-indiqué, pas le trajet dans l'avion lui-même. Le vol ne peut pas faire saigner ». Il s'agit d'éviter le décalage horaire, l'épuisement psychologique et intellectuel... en un mot, le stress avec son élévation tensionnelle. Un avis que rejoint le Dr Jean-François Chermann, neurologue (hôpital Léopold-Bellan, Paris). Il ajoute qu'à sa connaissance aucune étude n'a réellement abordé le sujet. Par simple précaution, il déconseillerait à un patient convalescent d'un AVC un trajet en altitude, notamment en raison de l'hypoxie relative des cabines d'avion.
Cet argument est également celui du Dr Patrick Rodriguez, médecin chef d'Air France : « Les préconisations sont extrêmement variables selon le type d'AVC rencontré. La seule remarque que je puisse faire concerne l'hypoxie en vol, avec des appareils qui sont pressurisés avec 20 % d'oxygène en moins qu'au sol, soit l'équivalent de la pression à 2 400 mètres d'altitude. Cela peut causer une fatigue pour les tissus qui ont souffert lors d'un AVC. »

> CH. D. > Ch. D. et Dr G. B.

Source : lequotidiendumedecin.fr: 7798