« Les médicaments génériques sont payés en France deux fois plus cher qu’en Angleterre et trois fois plus cher qu’aux Pays-Bas. Les cures thermales coûtent chaque année 300 millions d’euros à l’assurance maladie sans que leur efficacité médicale soit avérée. » Invité à s’exprimer lors d’un débat public organisé par le comité de défense de l’hôpital de Poissy-Saint-Germain-en-Laye, dans les Yvelines, samedi 3 décembre, André Grimaldi, chef du service de diabétologie de la Pitié Salpêtrière à Paris et coauteur du « Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire », s’en est largement pris à la façon dont les pouvoirs publics gèrent la santé dans notre pays, faisant la part belle aux capitaux privés à tous les niveaux. Ainsi, a-t-il expliqué, « en huit ans, les tarifs des complémentaires santé ont augmenté de 40 %, quand ceux des prestations santé augmentaient de 20 % ». De même, « il n’y a plus de service public hospitalier. Désormais, la loi HPST prévoit seulement des établissements de santé qui ont des missions de service public ». Le « but ultime » étant, d’après lui, qu’il n’existe plus d’établissements totalement publics. Pour preuve, « il a été proposé d’implanter une maternité privée au sein de la Pitié-Salpêtrière », ce qui, jusqu’à présent, n’a pas été accepté.
Un manque patent de personnel soignant
À Poissy, la logique est, de l’avis de certains, de la même veine. L’établissement hospitalier, de haute technicité mais en situation de déficit, est en souffrance. De 1 200 lits actuellement, il pourrait passer, si le projet porté par le député UMP Pierre Morange aboutissait, à 500 lits. S’adressant aujourd’hui à un bassin de population de 700 000 personnes et n’assurant pas moins de 180 000 consultations chaque année, l’établissement aurait alors à transférer au secteur privé tout ce qui est programmable, craint-on à Poissy.
Pourtant, le centre hospitalier intercommunal de Poissy - Saint-Germain-en-Laye « a une vraie vitalité », assure Jean-Michel Orsini, infirmier psychiatrique au sein de l’établissement et membre du syndicat Sud Santé. Pour lui, « la technocratie gestionnaire et antidémocratique » de l’établissement est, au moins en partie, responsable de la crise que celui-ci traverse.
Ce à quoi s’ajoute, aux dires même des usagers, un manque patent de personnel soignant. Si leurs compétences ne sont pas en cause, il semble évident, pour beaucoup, que les professionnels de santé ne sont pas en nombre suffisant pour prendre en charge les patients de manière satisfaisante. Du coup, certains médecins libéraux du secteur, présents à cette réunion publique, l’ont reconnu : quand leurs patients ont besoin d’être hospitalisés, il devient compliqué de les envoyer dans l’établissement public. « Mes patients me disent qu’il y a huit heures d’attente aux urgences. Que voulez-vous que je leur réponde ? », regrette une généraliste venue en voisine.
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