L A plupart des patients atteints de cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) se présentent au moment du diagnostic avec une maladie déjà métastatique ou trop localement avancée pour bénéficier d'une résection chirurgicale complète. Les seuls traitements disponibles sont le plus souvent palliatifs ; dans ces conditions la survie à 5 ans n'excède pas 10 à 15 %.
Comme l'a prouvé une métaanalyse de 52 études randomisées publiée récemment, la chimiothérapie apporte un réel bénéfice sur la survie : une chimiothérapie à base de cisplatine diminue le risque de décès (- 13 % au stade précoce et au stade localement avancé, - 27 % au stade métastatique), améliore significativement la survie globale (+ 5 % de survie à 5 ans et + 10 % à 10 ans respectivement aux stades précoce et métastatique) et la qualité de vie des patients atteints de CBNPC.
Très tôt, Navelbine est apparue comme un médicament majeur dans les CBNPC : l'association Navelbine-cisplatine est devenu un standard dans le traitement des CBNPC ; en monothérapie, grâce à son efficacité et à son bon profil de tolérance, Navelbine est un traitement de référence chez certains patients qui ne relèvent pas d'une bithérapie : elle s'est révélée particulièrement intéressante chez les patients les plus âgés qui ne pouvaient bénéficier d'un traitement à base de cisplatine ou chez ceux dont l'état général précaire ne permettait pas de recourir aux schémas classiques de chimiothérapie.
Médicament majeur pour le traitement des CBNPC, Navelbine continue à faire l'objet d'un développement complémentaire, afin d'élargir et d'optimiser le champ de ses applications : le développement d'une forme orale en est un exemple.
Des formes orales
Le traitement du cancer a largement progressé au cours de ces dix derniers années, mais il reste pénible, « c'est pourquoi on se préoccupe de plus en plus du confort du patient et que, pour ce faire, des formes orales d'anticancéreux efficaces par voie intraveineuse sont en développement », explique le Dr V. Diéras (Institut Curie, Paris).
Les avantages de la forme orale sont multiples (voir encadré). Cependant, il existe des prérequis : la pharmacocinétique doit faire preuve d'une bonne stabilité, avec une variation inter patient faible ou similaire à celle de la forme IV ; la correspondance de dose entre la forme orale et I.V. doit être fiable, l'efficacité doit être au moins équivalente à celle d'une forme I.V., le profil de tolérance se doit d'être au moins similaire à celui des formulations I.V., le rapport bénéfice/coût du traitement doit être favorable ; enfin, patient et médecin doivent être convaincus de l'acceptabilité du traitement, le choix de la voie d'administration relève d'une décision partagée.
Si ce choix pour le patient dépend essentiellement des critères d'efficacité, pour le médecin, il existe des freins liés aux habitudes prises (avec toutefois une meilleure acceptabilité en situation palliative où les enjeux de survie ne sont pas les mêmes), et surtout aux problèmes soulevés par la gestion du traitement, le suivi du patient, la surveillance des conséquences cliniques du traitement et de ses éventuels effets secondaires.
De nombreuses études pharmacocinétiques
Développée sous forme de capsules molles contenant de la vinorelbine en solution, Navelbine oral a fait l'objet de nombreuses études pharmacocinétiques qui ont permis de recueillir 3 126 jeux de données obtenues durant 419 administrations chez 175 patients.
L'analyse de ces données permet de conclure que la forme orale de Navelbine se caractérise par une biodisponibilité de 40 % et des variabilités inter- et intra-individuelles comparables à celles de la forme I.V., biodisponibilité qui n'est pas influencée par l'alimentation.
Pour les voies orale et intraveineuse, le métabolisme de la molécule est semblable et la pharmacocinétique est linéaire. Les deux voies d'administration aboutissent aux mêmes métabolites et aucun nouveau composé n'est formé par voie orale.
Les leucopénies et les neutropénies (toxicité-dose limitante de Navelbine) sont liées à l'exposition sanguine indépendamment de la voie d'administration ; enfin, une correspondance de doses I.V. et orale permet d'obtenir avec fiabilité un même niveau d'exposition (voir encadré).
L'efficacité clinique de Navelbine oral exprimée en taux de réponse a été comparée à celle de la forme I.V. au cours d'une étude de phase II ouverte multicentrique randomisée (2/1) dans laquelle ont été inclus 115 patients atteints d'un CBNPC de stade IIIb ou IV non prétraités par chimiothérapie.
Navelbine oral a été administrée à la posologie de 60 mg/m2 par semaine à J1, J8, J15, puis 80 mg/m2/semaine (si la tolérance hématologique le permettait), Navelbine I.V. à la posologie de 30 mg/m2/semaine.
Un panel d'experts indépendants a confirmé 9 réponses partielles sur 64 patients évaluables (RP : 14 %) pour le traitement oral, contre 4 sur 34 (RP : 12 %) pour le traitement par voie veineuse, 40 et 37 % de stabilisation respectivement avec les formes orale et intraveineuse, avec une durée médiane de réponse de 7,7 mois versus 5,5 mois dans les groupes traités par voie orale versus I.V.
La survie médiane des patients traités par voie orale a été de 9,3 mois versus 7,9 mois chez les patients traités par Navelbine I.V. et la survie à 1 an de 41 % dans le groupe Navelbine oral et de 29 % dans l'autre groupe.
Enfin, sur le plan de la tolérance, la neutropénie a été l'effet secondaire le plus fréquent pour chacun des deux traitements, avec cependant moins de neutropénies de grades III-IV avec le traitement oral et, si les troubles digestifs (nausées/vomissements) ont été plus fréquents avec cette forme, mais les patients n'avaient pas reçu de prophylaxie antiémétique.
Ces deux formes galéniques ont donc un profil de tolérance et une efficacité comparables, permettant ainsi au praticien d'optimiser les conditions de traitement et d'offrir au patient davantage de confort et une meilleure qualité de vie.
Conférence de presse organisée par le Laboratoire bioMérieux Pierre Fabre.
Des avantages per os
- Facilité d'administration.
- Réduction des effets secondaires liés au mode d'administration.
- Amélioration du confort des patients.
- Amélioration de l'observance, facteur clé de réussite du traitement.
- Réalisation du schéma d'administration continue plus facile.
- Intégration de la chimiothérapie à la radiothérapie.
- Association avec de nouveaux agents dits « sélectifs ».
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