Au cours de chimiothérapies anticancéreuses hautement émétisantes (cisplatine à hautes doses, notamment) en l'absence de traitement antiémétique, 90 % ou plus des patients ont des nausées ou vomissements. Environ la moitié de ces patients, en dépit des traitements antiémétiques actuels, souffrent de nausées et vomissements retardés, survenant du deuxième au cinquième, voire au septième jour de la CT et dont l'incidence reste sous-estimée par les soignants. Une étude montre que les symptômes retardés peuvent aussi concerner un quart des patients n'ayant pas eu de nausées et vomissements précoces...
Etre une femme, avoir moins de 50 ans, des antécédents de mal des transports constituent des facteurs de risque de nausées et vomissements chimio-induits (NVCI), dont on sait qu'ils sont les premiers effets indésirables redoutés par les patients.
La prévention des NVCI s'est considérablement améliorée avec l'association : dexaméthasone-antagoniste de récepteurs à la sérotonine 5-HT3, surtout pour les symptômes précoces.
La prévention des symptômes retardés et des nausées dans leur ensemble reste difficile en particulier chez la femme, souligne le Pr R. Gralla (Etats-Unis). La façon dont les patients perçoivent le handicap lié à ces NVCI s'est d'ailleurs modifiée avec l'évolution thérapeutique : en 1983, les premières plaintes concernaient les vomissements, avant les nausées et la chute de cheveux ; en 1995, les nausées prenaient le pas sur la perte des cheveux et les vomissements.
Un nouvel antiémétique oral déjà utilisé avec succès aux Etats-Unis et en Amérique latine est en cours d'enregistrement en Europe. Il assure, lorsqu'il est associé au traitement classique, une meilleure prévention des NVCI retardés. Son mécanisme d'action est distinct de celui des autres produits : c'est un antagoniste des récepteurs à la neurokine (NK1) impliqués dans la libération de substance P qui joue un rôle dans la pathogenèse des nausées et vomissements retardés. Les récepteurs NK1 sont présents dans le tube digestif (comme ceux de la 5-HT), mais aussi au niveau du tronc cérébral.
Deux essais randomisés en double aveugle ont comparé chez plus de mille patients en premier cycle de cisplatine, d'une part, aprepitant (un comprimé quotidien pendant trois jours), associé au traitement classique (dexaméthasone-ondansétron), d'autre part, le traitement classique seul. L'évaluation tient essentiellement compte des réponses complètes (pas de vomissement, pas de médication complémentaire), de l'absence de nausée significative.
Les résultats sont les suivants :
1) Le taux de réponses complètes a été :
- en aigu (premier jour) : avec aprepitant : 86 % des patients contre 73,2 % ;
- en phase retardée : 71,5 % contre 51,2 % ;
- somme des symptômes aigus et retardés : 67,7 % contre 47,8 %.
2) Absence de nausée (précoce et retardée) significative : 72,1 % contre 64,9 %.
L'impact sur la vie quotidienne
Une évaluation, cinq jours après la chimiothérapie, montre que, parmi les patients ayant souffert de NVCI, ceux recevant aprepitant sont plus nombreux (74,4 %, contre 63,9 %) à estimer que ces symptômes ont eu peu ou pas d'impact sur leur vie quotidienne.
Le Pr Gralla note qu' « aprepitant apporte un bénéfice égal pour les hommes et pour les femmes dans les deux essais. C'est la première fois que l'on montre ce phénomène dans des essais d'envergure ». Il remarque que près de 90 % des femmes recevant aprepitant n'ont pas eu de vomissements précoces au cours d'une chimiothérapie très émétisante.
Le Pr R. de Witt (Rotterdam) fait état de données montrant un maintien de l'efficacité au fil des cycles de chimiothérapie. La tolérance est bonne.
Copenhague. Conférence de presse organisée par les Laboratoires MSD International en marge de l' ECCO 12.
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