Il faudrait se garder d'extrapoler à la femme les résultats d'un travail présenté à la société de Neurosciences de San Diego(Etats-Unis), par Jill B. Becker et coll. Ces chercheurs américains ont, en effet, mis en évidence chez des rongeurs femelles que les estrogènes rendent le cerveau plus vulnérable aux addictions. Les effets de cette susceptibilité majorée persistant même en l'absence d'hormone.
Le travail a été mené sur 200 rats environ. Les femelles qui recevaient des estrogènes, en plus de cocaïne, pendant une période de trois semaines montraient de 20 à 50 % de sensibilisation supplémentaire par rapport à celles qui ne recevaient pas d'estrogènes ou par rapport aux mâles. Cette action était évaluée sur le nombre de mouvements répétitifs de la tête ou des membres antérieurs ainsi que sur l'accomplissement de cercles.
La sensibilisation à une drogue, pense-t-on, peut créer l'état de manque à une substance telle que la cocaïne. Ainsi des animaux soumis à des prises répétitives de drogue apprennent à s'autoadministrer la cocaïne plus vite et à de moindres doses que les autres. Ce changement de comportement persiste chez les rates après arrêt des estrogènes (toutes avaient subi une ovariectomie).
Les auteurs ébauchent une explication lorsqu'ils rappellent que la sensibilisation à la cocaïne conduit à des changement structuraux dans le cerveau, qui persistent parfois. Les estrogènes non seulement modifieraient la réponse à la cocaïne, mais aussi intensifieraient les changements sur le long terme. « Ces résultats sont importants pour notre compréhension des processus neuronaux de base qui conduisent à la dépendance à une drogue et dans notre compréhension du risque majoré de certains individus par rapport à d'autres. »
Depuis de nombreuses années, les scientifiques tentent de déterminer comment les estrogènes peuvent engendrer tous les effets qui leurs sont attribués : changement d'humeur, amélioration des capacités verbales et baisse des aptitudes spatiales, augmentation des fonctions sensorielles et motrices (incluant un seuil abaissé aux stimuli visuels, olfactifs et tactiles) et une accélération dans l'accomplissement de séquences motrices complexes. Récemment, les auteurs ont examiné l'impact des hormones sur des neurotransmetteurs, tels que la dopamine, dans des zones cérébrales, dont le striatum, impliquées dans les comportements alimentaires, sexuels et de compulsion vis-à-vis des drogues. L'équipe américaine a mis en avant que les estrogènes majorent rapidement la libération de dopamine, un effet évident dans le comportement sexuel et la recherche compulsive de drogue.
En conclusion, simplement Jill Becker, suggère que ses résultats puissent tirer une sonnette d'alarme sur une susceptibilité éventuellement majorée des femmes au risque toxicomane, notamment les plus jeunes.
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