Etude Camelot
Camelot est un essai multicentrique randomisé - 100 centres répartis en Amérique du Nord (Etats-Unis, Canada) et en Europe - mené en double aveugle contre placebo dont l'objectif était d'évaluer, comparativement à un placebo, les effets respectifs de l'amlodipine (10 mg/j) et de l'énalapril (20 mg/j) sur la survenue d'événements cardio-vasculaires, chez des patients ayant une maladie coronaire documentée par angiographie et une pression artérielle (PA) normale ou bien contrôlée.
Au total, 1 991 patients répondant aux critères d'inclusion de l'étude (au moins une lésion sur une artère coronaire [sténose > 20 %], PA diastolique < 100 mmHg) ont été randomisés pour recevoir soit un placebo, soit l'amlodipine (10 mg/j), soit l'énalapril (20 mg/j), en une prise quotidienne.
Ces patients, des hommes et des femmes âgés de 30 à 79 ans, avaient déjà eu une coronarographie ou avaient subi une angioplastie avec ou sans mise en place d'un stent.
A l'inclusion, leur PA moyenne initiale était de 129/78 mmHg (normotendus ou hypertendus contrôlés), 83,5 % recevaient une statine, 78,8 % un bêtabloquant et 95,8 % prenaient de l'aspirine.
Moins d'hospitalisations pour angor et revascularisations coronaires.
Au terme d'un suivi moyen de 24 mois, les résultats de l'étude ont été évalués en fonction d'un critère composite prenant en compte un ensemble d'événements cardio-vasculaires majeurs : mortalité cardio-vasculaire, infarctus du myocarde non mortels, arrêts cardiaques avec réanimation, accidents vasculaires cérébraux mortels ou non, accidents ischémiques transitoires, procédures de revascularisation, hospitalisations pour crises d'angor ou insuffisance cardiaque, atteinte vasculaire périphérique.
L'amlodipine et l'énalapril ont réduit rapidement et de façon comparable la pression artérielle, de, respectivement, 4,8/2,5 mmHg et 4,9/2,4 mmHg comparativement au placebo (p < 0,001).
L'incidence des événements cardio-vasculaires majeurs a été réduite significativement, de 31 %, sous amlodipine comparativement au placebo (RR : 0,69 ; p = 0,003), alors que la diminution observée sous énalapril (15 %) n'a pas atteint le seuil de significativité (RR : 0,85 ; p = 0,16).
Le bénéfice procuré par l'amlodipine s'est manifesté essentiellement par une diminution des hospitalisations pour angor (7,7 % contre 12,8 % dans les groupes sous énalapril et sous placebo) et des revascularisations coronaires (11,8 % contre 14,1 % dans le groupe sous énalapril et 15,7 % dans le groupe placebo).
Une sous-étude, baptisée Normalise (NOrvasc for Regression of Manifest Atherosclerosis Lesions by Intravascular Sonographic Evaluation), a évalué, par échographie endocoronaire (Ivus), l'évolution de la plaque d'athérome chez 274 patients de l'étude Camelot.
La progression de la plaque a été significative dans le groupe placebo (p < 0,001), proche de la significativité dans le groupe sous énalapril (p = 0,08), et n'a pas été significative dans le groupe sous amlodipine (p = 0,31).
Ces deux études démontrent que, dans une population de coronariens normotendus, traités par statine, bêtabloquant et aspirine, l'amlodipine apporte un bénéfice en termes de prévention cardio-vasculaire.
Le Pr Steven E. Nissen, coordinateur principal de l'étude et vice-président de l'ACC, a reconnu que cette étude a des limites, notamment la taille modeste de l'échantillon (2 000 patients), l'intervalle de confiance relativement large pour apprécier la réduction des événements cardio-vasculaires et les demi-vies différentes de l'amlodipine (50 heures) et de l'énalapril (11 heures).
Il n'empêche qu'elle apporte pour la première fois la preuve clinique qu'une diminution de la pression artérielle peut réduire la progression de l'athérosclérose coronaire et que, chez le coronarien, chaque millimètre de mercure compte : une réduction de 4,8/2,5 mmHg diminue presque de moitié les hospitalisations pour angor et de près d'un tiers les processus de revascularisation.
D'après la communication de Steven E. Nissen (Cleveland).
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