L 'ASSEMBLEE a voulu forcer la main des banques en votant une proposition de loi leur interdisant de faire payer les carnets de chèques à leurs clients.
Il n'est pas sûr que la loi soit appliquée : le Sénat la rejettera et le gouvernement lui-même est partagé sur la question. Le chèque est symbolique des problèmes socio-économiques actuels : il devrait rester gratuit parce que, s'il devait être payé, ce sont les moins riches qui en feront les frais. En effet, le chèque payant n'irait pas sans une compensation quelconque : on parle d'une rémunération des comptes courants. C'est-à-dire que ceux qui peuvent laisser sur leur compte plusieurs dizaines de milliers de francs recevraient une rétribution susceptible de compenser leurs frais pour chèques.
Tout s'oppose à la gratuité du chèque : le principe de la libre concurrence, l'idée que tout service doit être payé, le fait qu'un chèque coût sept francs à la banque qui l'émet. Mais en ce moment, les banques ne font pas de la peine : elles affichent de beaux résultats. Et peu à peu, elles font payer une foule de services autrefois gratuits, consultation du compte, par exemple, sans parler des nouveaux services, en ligne ou pas, et de leurs bénéfices sur les cartes de crédit et sur les assurances liées à ces cartes.
En outre, les assurances souffrent peu de la concurrence. Une fois que vous avez une domiciliation bancaire, il est bien difficile de changer de banque. Vous êtes donc amené à accepter ses diktats en matière de tarifs (pour la tenue du compte courant, pour les droits de garde si vous achetez des obligations, pour les commissions si vous faites des placements). Si vous avez une assurance vie contractée auprès de votre banque, vous ne risquez pas d'en changer pour obtenir un meilleur rendement : il s'agit d'un placement à long terme, souvent défiscalisé tant que vous n'y touchez pas, et le seul fait de le retirer d'une banque pour le déposer dans une autre risque de vous coûter cher en impôts.
Les banques ne méritent donc pas qu'on leur fasse des cadeaux. Mais si le chèque doit être payant un jour, il faudrait aussi qu'elles rémunèrent les comptes courants un peu mieux que ce qu'elles proposent : 0,5 % par an. Au nom de quoi, ce taux dérisoire, alors qu'un taux usurier est appliqué aux découverts ? Sept francs par chèque ? Soit, même si c'est injuste pour les pauvres. Mais les taux d'intérêt sur les comptes courants ne sauraient être inférieurs à ceux qui concernent les autres placements.
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