Quelques semaines après avoir présenté aux représentants de la profession, les quatre décrets qui visent à mettre en musique la réforme de la formation médicale continue, le ministère de la santé vient de faire un soudain volte-face. Désormais plus question que ni l’organisme gestionnaire du DPC ni les ARS ne fassent des appels d’offre auprès des organismes pour financer le nouveau « développement professionnel continu ». La nouvelle version des décrets qui est dans les tuyaux prévoit purement et simplement de distribuer aux médecins des chèque-formations afin qu’ils financent les programmes choisis auprès d’organismes de leur choix, pour peu que ceux-ci bénéficient d’une évaluation positive par la future « commission scientifique indépendante » émanation des vingt collèges de spécialités.
Il s’agit en fait d’un retour à la case départ. « En 2004, lors du lancement des CNFMC, il était déjà question d’agréer des organismes, rappelle Bernard Ortolan, président de celui des médecins libéraux. On revient peu ou prou à cela ». Dans le même sens, le financement indirect des organismes par le biais de chèques distribués aux médecins est une idée déjà ancienne. « C’est une vieille lune, commente Bernard Ortolan. Mais ce n’est pas forcément stupide ».
Conséquence : les syndicats de médecins peuvent reprendre leur place dans l’organisme de gestion du DPC et retrouver un rôle de cogestion. Cette astuce permet en effet de sauvegarder l’essentiel aux yeux de la ministre. Et notamment le principe de base qu’elle a souvent martelé: « Ceux qui décident des financements ne peuvent pas en être destinataires. » Le compromis convient également aux représentants de la profession, libérés du soupçon de conflit d’intérêt. « Ainsi, c’est le médecin qui choisira son opérateur et non plus les opérateurs les plus astucieux qui accapareront des financements pour les accueillir, » s’est immédiatement félicitée la CSMF. À eux à présent de batailler pour que le budget du DPC soit à la hauteur des enjeux et pour que le marché du DPC soit un marché transparent. « Il n’est pas question de laisser s’installer un marché dérégulé de la formation qui casse les prix au dépens de la qualité des programmes et des objectifs de formation » prévient encore la CSMF.
Même si le ministère n’a pas encore confirmé officiellement ce changement de cas, celui-ci semble néanmoins très sérieusement envisagé. D’ailleurs, les différents acteurs du futur DPC sont invités en milieu de semaine prochaine au ministère pour faire le point et réfléchir aux modalités concrètes de mise en place des chèques DPC.
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