L'an dernier à Dundee, un protecteur des chauves-souris est mort de la rage ; c'était le premier cas acquis au Royaume-Uni depuis 1902. Le virus isolé dans le cerveau de la victime n'était pas le virus classique de la rage mais un virus apparenté, le lyssavirus de type 2 de la chauve-souris.
Le genre lyssavirus comporte : le virus rabique classique, deux lyssavirus de la chauve-souris européenne, un lyssavirus de la chauve-souris australienne et le virus Duvenhage africain. Tous provoquent chez l'homme une encéphalomyélite mortelle, la rage.
Au Royaume-Uni, la rage classique a été éliminée du réservoir animal en 1920 et les 20 cas rapportés depuis ont été contractés à l'étranger, essentiellement par morsure de chien. Le réservoir habituel du lyssavirus de la chauve-souris européenne est la chauve-souris Eptesicus serotinus (sérotine) pour le type 1, et Myotis dasycneme (pond) ainsi que Myotis daubentonii (Daubenton) pour le type 2.
Au Royaume-Uni, la surveillance de 2 000 chauves-souris pendant quinze ans n'a trouvé que deux animaux infectés. Il s'agissait de chauves-souris Daubenton, rares en Grande-Bretagne, qui, habituellement, ne nichent pas dans les maisons et ne s'approchent pas de l'homme. Plus fréquentes dans les maisons sont les pipistrelles et les chauves-souris à grandes oreilles ; mais elles n'ont pas été trouvées porteuses du lyssavirus de la chauve-souris européenne. Pour la population britannique, le risque de rencontrer une chauve-souris infectée est donc très faible. Malgré cela, écrit le Pr Derrick Pounder (Dundee) dans le « BMJ », il ne faut pas prendre en main une chauve-souris surtout si elle est malade ou blessée. Au Royaume-Uni, la recommandation est que toute personne qui a touché une chauve-souris devrait être vaccinée. Le défenseur des chauves-souris qui est mort n'était pas vacciné. « Les vaccins disponibles sont sûrs et efficaces à la fois contre les lyssavirus des chauves-souris et le virus classique de la rage », rappelle Pounder.
Cette mise au point dans le « BMJ » est l'occasion de rappeler les recommandations françaises : tout contact avec une chauve-souris doit entraîner la consultation dans un centre de traitement antirabique.
«BMJ » du 5 avril 2003, p. 726.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature