La santé en librairie
Avec le terrorisme, le sida, l'ESB ou le SRAS, les grandes peurs d'antan resurgissent périodiquement. William Naphy et Andrew Spicer, historiens britanniques (« la Peste noire. Grandes peurs et épidémies 1345-1730 », Autrement) proposent une analyse originale d'une des plus grandes épidémies de notre histoire, celle de la peste noire qui dura quatre siècles et fût responsable de millions de morts dans le monde.
L'ouvrage coordonné par l'urgentiste et historien, Marc Lemaire (« De la menace terroriste au traitement des victimes », L'Harmattan), est plus pragmatique puisqu'il donne des informations sur la menace terroriste dans la société civile d'aujourd'hui et sur les mesures de défense et de traitement des victimes. Mouzayan Osseiran-Houbballah s'intéresse au devenir des enfants-soldats, figure tristement caractéristique de notre époque, dont le nombre est aujourd'hui évalué à 300 000 par l'UNICEF (« l'Enfant soldat ; acteur d'une guerre d'adultes », Odile Jacob).
Autres victimes, à nos côtés mais privées de notre confort moderne, celles de l'exclusion sont encore une fois le sujet d'un texte du fondateur du SAMU social, Xavier Emmanuelli (« le Monde immonde », Robert Laffont).
Soignants, soignés et système
Jean-Marie Fonrouge livre ses réflexions d'anesthésiste-réanimateur confronté à des situations d'urgence et souvent à la mort (« Et si l'homme devait mourir : paroles d'un médecin ré ????? »), tandis que François-Bernard Michel nous propose de partager ses entretiens avec Jean Bernard (« Entretiens avec le Pr Jean Bernard », PUF).
La médecine française vue du côté du consommateur : le journaliste économique, Jean-Marc Sylvestre livre un témoignage reconnaissant de ses contacts avec le service public médical français et des compétences des infirmières et des médecins pour composer avec les conditions de travail à l'hôpital (« Rescapé : vive la Sécu », Ramsay). Magnus Falkehed nous conseille de regarder un peu hors de nos frontières pour imaginer l'avenir de notre propre système (« le Modèle suédois : santé, écologie, sexualité ; ce qui attend les Français », Payot). L'expérience de Francis Coven, médecin de banlieue, est celle du professionnel dévoué, plaidant pour une médecine de proximité et de qualité dans les zones défavorisées et pour des réformes urgentes en matière de santé publique (« Journal d'un médecin de banlieue », La Martinière).
Car « la Santé n'est pas une marchandise » (éditions de l'Atelier), explique Patrick Pelloux dans un ouvrage préfacé par José Bové, critiquant la logique libérale dans ce domaine comme dans d'autres. Ces profondes transformations des systèmes de santé sous l'influence de l'économie de marché et de la mondialisation dans les pays industrialisés sont également le sujet d'un livre dirigé par Jean-Claude Salmon en collaboration avec Attac (« le Complexe médico-industriel », Mille et une nuits). Avec un esprit critique au moins aussi vif, Thierry Souccar et Isabelle Robard dénoncent, eux, les pratiques des industries agro-alimentaires, dont on devine les répercussions sur la nutrition et donc la santé (« Santé, mensonges et propagande », Seuil).
Ceux qui ont commencé à être convaincus que l'homme et la Terre avaient un sort commun se pencheront avec bonheur sur l'ouvrage écrit conjointement par un médecin et un écologiste, Michel Chast et Yves Paccalet (« Soigner l'homme, soigner la Terre », Lattes).
La science, le gène et Harry Potter
Dominique Raynaud s'intéresse à la sociologie des controverses scientifiques (« Sociologie des controverses scientifiques », PUF). Roger Highfield propose d'observer le versant facétieux de la science en montrant comment la raison s'accommode de la magie (« Harry Potter et la science », Flammarion). Claude Allègre, lui, a choisi une autre forme de pédagogie avec « Un peu de science pour tout le monde » (Fayard). Tous ces progrès sont bien jolis, explique Etienne Klein, mais après tout, « La science nous échappe-t-elle ? » (Le Pommier), se demande-t-il. Heureusement, l'homme pense et est d'une certaine façon façonné par sa pensée, dit Joseph Ledoux (« l'Homme synaptique », Odile Jacob).
Le gène se taille la part du lion parmi les livres scientifiques. Le célèbre directeur du National Center for Human Genome, James D. Watson, signe « Gène, génome et société » (Odile Jacob), Richard C. Lewontin un savant ouvrage de synthèse sur les interactions entre les gènes et l'environnement, « la Triple hélice : les gènes, l'organisme, l'environnement » (Seuil), et Jean-Pierre Changeux coordonne la synthèse d'un symposium du Collège de France sur les gènes et la culture (Odile Jacob).
Toujours dans le domaine de la génétique, mais dans un registre plus critique, on pourra lire l'ouvrage de Gilles-Eric Séralini, « Génétiquement incorrect : OGM, clonage, thérapie génique en question » (Flammarion), celui de Vandana Shiva, « Peut-on breveter le vivant ? » (éditions de l'Atelier), celui de Bertrand Jordan, « l'Intox génétique » (Bayard), ou encore les réflexions hédonistes de Michel Onfray sur le clonage ou la reproduction médicalement assistée dans « Féeries anatomiques : généalogie du corps faustien » (Grasset).
Faust et l'éducation
Les vrais héros de Daniel Marcelli (« l'Enfant, chef de famille : l'autorité de l'infantile », Albin Michel), Marcel Rufo (« Tout ce que vous ne devriez jamais savoir sur la sexualité de vos enfants », A. Carrière), ou Philippe Van Meerbeeck (« l'Infamille ou la perversion du lien », de Boeck), ne sont pas faustiens, loin s'en faut, et l'heure semble bien, pour ces auteurs, à reprendre son âme des bras du diable. Devenir adulte est un objectif indispensable pour éviter à nos enfants de se perdre, expliquent aussi Jacques-Antoine Malarewicz, (« le Complexe du Petit Prince : l'adolescence en crise entre l'enfance inachevée et l'âge adulte impossible à atteindre », Robert Laffont) et François Ladame (« les Eternels Adolescents ; comment devenir adulte », Odile Jacob). Peut-être pour éviter, aux filles tout au moins, la dérive vers l'anorexie, nous dit Muriel Darmon (« Devenir anorexique », La Découverte).
Et pour finir, un sourire, un brin figé peut-être, celui de Marie Dallée qui raconte avec humour son expérience avec la chirurgie esthétique (« To lift or not to lift. Mes déboires au pays de la chirurgie esthétique », Albin Michel). On a eu chaud !
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