Après bientôt un demi-quinquennat au ministère de la Santé, Marisol Touraine n’a jamais paru si forte et fragile à la fois. Elle a été plus que confirmée dans son portefeuille à la fin de l’été héritant des Femmes, en plus de la Santé, des Retraites, des Personnes âgées, du Handicap, de l’Exclusion et de la Famille. Et, à la tête d’un empire du social, elle s’impose comme un poids lourd du gouvernement. Les douze mois à venir pourraient néanmoins être les plus délicats à négocier pour cette ministre qui va devoir sortir de ses habits de technicienne et se mouiller comme jamais. Car, en cette rentrée 2014, elle est attendue sur tous les fronts.
À commencer par les médecins libéraux. Le dialogue franc, mais ferme qu’elle a eu la semaine dernière à Lille avec les cadres de la CSMF en dit long sur les difficultés qu’il y aura à les rassurer sur la future loi de santé et à les contenter sur un prochain PLFSS, à propos duquel la ministre a convenu qu’il n’était pas facile pour elle de négocier avec Bercy… Pour la ministre, la journée de protestation du 30 septembre sera de ce point de vue l’occasion de prendre la mesure du rapport de force.
Attendue d’abord sur le terrain économique, elle va aussi devoir donner des réponses sur les questions éthiques. Attention, chausse-trapes ! Concernant la fin de vie, celle qu’on a parfois présentée comme une alliée objective des partisans de la légalisation de l’euthanasie devra sans doute temporiser, coincée entre une opinion qui pousse à aller de l’avant et un gouvernement qui répugne à rouvrir les controverses sur les sujets de société. On n’imagine pas que la mission confiée à Jean Leonetti lui-même puisse aboutir à la fin de l’année à autre chose qu’un simple toilettage de « sa » loi… Mais comment justifier alors un renoncement à la promesse n°21 du candidat Hollande ?
Autre dossier sur lequel l’exécutif va devoir donner rapidement des signaux : la procréation médicalement assistée. Cette fois, c’est une mauvaise surprise qui oblige le gouvernement à sortir du bois. Ou plutôt deux : en début d’été, la Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France sur la question de la GPA et, tout récemment, la Cour de Cassation a jugé valable une procédure d’adoption après PMA dans un couple de même sexe. Pas le choix. Il va donc falloir rouvrir le débat dans la prochaine loi sur la famille. La polémique est garantie, alors même que « La Manif pour tous » a prévu de reprendre du service le 5 octobre…
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