L'université d'été de la Csmf à Cannes

Chassang : un trou d'air dans le partenariat

Publié le 20/09/2007
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SALE TEMPS pour la médecine de ville : la profession vient d'essuyer coup sur coup la charge du président Cfdt de la Caisse nationale d'assurance-maladie (Cnam), avocat d'une politique autoritaire pour lutter contre les déserts médicaux, un violent réquisitoire de la Cour des comptes contre la politique conventionnelle et, mardi dernier, un discours offensif de Nicolas Sarkozy qui n'a pas hésité à écorner deux piliers de la médecine libérale, les libertés d'installation et de prescription (voir page 3 et « le Quotidien » du 20 septembre). N'en jetez plus !

C'est dans ce contexte de pression accrue sur les libéraux que la Csmf rassemble plus de 200 cadres syndicaux à Cannes, pour sa 13e université d'été, à partir d'aujourd'hui et jusqu'à dimanche.

Nul doute que ce rendez-vous prisé des décideurs du monde de la santé (experts, économistes, élus, industriels du médicament), qui se veut également un week-end de prospective (au menu cette année «l'exercice médical de demain») et de stratégie syndicale, aura un relief très politique. Parmi les invités de marque, on citera le directeur de l'assurance-maladie, Frédéric van Roekeghem, qui doit s'exprimer sur les nouveaux modes de prises en charge médicale, mais aussi le président de l'Union nationale des organismes complémentaires (Unocam), Jean-Michel Laxalt, qui aura l'occasion d'expliquer pourquoi les discussions sur le secteur optionnel sont suspendues depuis six mois ; les « confédérés » seront surtout attentifs au discours de Roselyne Bachelot, ministre de la Santé, qui clôturera les débats dimanche, à la veille de la présentation des grandes lignes du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) pour 2008.

Pièges.

Le président de la Csmf, Michel Chassang, aborde cette université d'été dans un état d'esprit «combatif» et, dit-il, le soutien de médecins libéraux «remontés». Très déçu par l' «échec» des cent premiers jours du gouvernement , et notamment par le plan de redressement estival qui a conduit à «des décisions aveugles» (baisses de tarifs des radiologues), le président de la Csmf, jusque-là partenaire vigilant des réformes, risque de durcir le ton. «Le gouvernement a tout faux, met-il en garde . Non seulement il ne nous a pas écoutés pas, mais ses premières décisions ont consisté à tirer contre certains spécialistes. Et maintenant il prépare de nouvelles agressions, on est clairement dans un trou d'air...»

Du côté du syndicat, on redoute en particulier des mesures législatives autoritaires qui pourraient conduire à une forme de «conventionnement sélectif» des médecins libéraux. Autre crainte : un «mécanisme de régulation automatique des dépenses de ville» en cas de dépassement significatif de l'Ondam (objectif national de dépenses d'assurance-maladie). En clair, le gouvernement serait tenté d'instaurer dans la loi un verrou lui permettant de « gele r» les accords conventionnels tarifaires (par exemple, une prochaine étape de revalorisation), si les dépenses ambulatoires sortent des clous fixés. «Un stabilisateur économique qui ne serait rien d'autre que le retour de la maîtrise comptable», analyse Michel Chassang. Nicolas Sarkozy, qui juge «pas normal» que 90 % des consultations donnent lieu à une prescription médicamenteuse, a en tout cas appelé Roselyne Bachelot à «rendre dès maintenant beaucoup plus efficace» la démarche de maîtrise (médicalisée) des dépenses. Une façon de prévenir que les résultats devront être rapidement au rendez-vous.

L'impatience des spécialités cliniques.

Le tableau est d'autant moins reluisantque plusieurs chantiers sont en panne.

Outre le dossier inextricable du secteur optionnel, que les financeurs (régime obligatoire et complémentaires santé) veulent lier à une remise à plat du secteur II, la réforme attendue des consultations (Ccam clinique) n'a toujours pas dépassé le stade des controverses méthodologiques. Les spécialités cliniques, déjà au bas de l'échelle des revenus, et parfois lourdement pénalisées par la mise en place du parcours de soins, s'impatientent. Quant à l'avenir de la permanence des soins, il s'inscrit dans le brouillard, et la Csmf déplore «le jeu de ping-pong» entre le gouvernement et l'assurance-maladie (lire page 5).

Pour autant, il est peu probable que les médecins confédérés aient envie de ruer dans les brancards et de rejoindre l'opposition. «C'est très difficile de participer aux réformes, convient Michel Combier, chef de file des généraliste confédérés . Mais même si on râle, malgré les crises, on protège davantage les médecins dedans que dehors.»

> CYRILLE DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 8220