UN AN APRÈS L’ENTRÉE en vigueur de la convention (et douze avenants signés, dont le dernier prévoit le passage du C à 21 euros à partir du 1er août), c’est un bilan mi-figue mi-raisin des parcours de soins qu’ont dressé des responsables syndicaux, politiques ou experts de la santé, lors d’un débat au MEDEC.
Avec un premier constat partagé, y compris par la Cnam et par le principal syndicat signataire, la Csmf : la convention, qui a décliné le dispositif du médecin traitant, n’est pas un fleuve tranquille, mais plutôt un parcours exigeant, avec son lot de pièges et d’embûches.
Ainsi Thomas Fatome, directeur de cabinet de Frédéric van Roekeghem, le patron de l’assurance-maladie, ne nie pas certaines «difficultés de mise en oeuvre» des nouveaux parcours coordonnés (CMU, tiers payant...) et les «interrogations» des professionnels justifiant parfois des «ajustements». Le défi de 2006, explique-t-il, consistera à «donner du contenu» au médecin traitant, notamment avec son «volet prévention». «L’idée n’est pas de faire davantage de contrôles ou de bureaucratie, mais de donner des outils aux médecins traitants», explique Thomas Fatome. Michel Chassang, président de la Csmf, insiste sur le chemin parcouru. «Il faut se rappeler les dix années d’errance conventionnelle après le plan Juppé, le cadre bancal et inefficace qui existait, les huit ans de blocage des tarifs des spécialistes». La convention est le fruit d’un «compromis», mais les parcours de soins, insiste-t-il, permettront d’améliorer la coordination dans un cadre à la fois «souple et restructurant». Un regret majeur cependant. «On a très mal expliqué les parcours de soins en matraquant les ondes sur le thème des sanctions». Avec un double effet pervers : des cabinets de spécialistes parfois «désertés» par les patients inquiets et des médecins généralistes qui se plaignent d’une «surcharge de travail administratif et de caisses tatillonnes». Et Michel Chassang de fixer une priorité pour les prochains mois : la «simplification.»
L’économiste de la santé Claude Le Pen regrette que le médecin traitant ait été présenté, du moins perçu, comme un «dispositif tarifaire» sans «contenu médical». «Du coup, les gens ont retenu davantage la contrainte que le service». En revanche, il ne faut pas s’étonner, selon lui, des baisses d’activité en médecine spécialisée, un effet collatéral «normal». «On ne peut pas d’un côté mettre en place un médecin traitant orienteur et de l’autre espérer exactement le même recours aux spécialistes», analyse Claude Le Pen .
« Une part de contraintes ».
Que pensent les responsables politiques de ce système conventionnel en mouvement ?
A droite, le député Yves Bur (UMP, Bas-Rhin) regrette que «la complexité administrative et la bureaucratie» aient «pollué» le débat sur le médecin traitant, mais juge que «l’esprit de la réforme reste d’actualité». Avec une mise en garde : même en améliorant progressivement la convention, même en éliminant les bugs et les scories des parcours de soins, «les médecins devront accepter leur part de contraintes» car «nous sommes toujours sous la pression de déficits considérables» (8 milliards d’euros pour l’assurance-maladie en 2005). «Il faut accepter que ça “frotte” un peu», résume Yves Bur, qui, toujours dans le registre de la fermeté, estime que les objectifs de maîtrise médicalisée «devraient être respectés à la lettre, ligne par ligne».
Claude Pigement, délégué du PS à la Santé, n’est pas en reste. «L’idée du médecin traitant était bonne, mais elle a été dévoyée», dit-il, comme en écho à l’argumentation du syndicat MG-France. Les socialistes remettraient-ils en cause cette réforme de retour au pouvoir en 2007 ? Claude Pigement ne va pas jusque-là. «On y regarderait de très près», déclare-t-il, en précisant que le médecin référent n’aurait pas dû être supprimé.
Confiant dans les choix stratégiques de la Csmf, mais conscient également de la nécessité d’améliorer «ce qui doit l’être» dans la convention, Michel Chassang rappelle que « l’on ne fait pas d’omelette sans casser des oeufs».«Mais, ajoute-t-il, il faut quand même faire l’omelette.»
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