LE DÉCOR CHANGE, pas la formule ni l’esprit. Après les années « Ramatuelle » dans le Var, l’université d’été de la Csmf s’embourgeoise à Cannes pour sa douzième session, à partir d’aujourd’hui et jusqu’à dimanche. Quelque 200 cadres confédérés sont attendus pour cet événement prisé des experts et des décideurs du monde de la santé (élus, industriels du médicament, économistes, chercheurs, leaders syndicaux) qui se veut tout à la fois la vitrine de la vie confédérale, un lieu de débat prospectif (fil rouge cette année, « la médecine libérale, horizon 2020 »), mais aussi un week-end où la direction de la Conf passe des messages forts au gouvernement.
A la veille de la présentation du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (Plfss) et à quelques mois d’une élection présidentielle cruciale, l’université d’été de la Csmf, syndicat moteur de la convention et soutien des réformes depuis 2004, prend un tour très politique. Ce n’est pas un hasard si les représentants « santé » des principaux partis politiques ont été conviés pour présenter leurs «idées neuves» pour la médecine libérale.
Arbitrages.
Dans ce contexte préélectoral, les interventions des ministres de tutelle (Philippe Bas aujourd’hui et surtout Xavier Bertrand en clôture dimanche) n’en sont que plus attendues. Principale impatience : les arbitrages sur l’Ondam (objectif national de dépenses d’assurance-maladie) et le sort réservé à la médecine de ville qui conditionne (presque) tout. Xavier Bertrand devra se montrer pédagogue pour expliquer comment il compte boucler un budget de la Sécu 2007 sans prélèvement supplémentaire sur les revenus des assurés sociaux, en ménageant l’industrie pharmaceutique (lourdement mise à contribution l’an passé) tout en donnant des «marges de manoeuvre pour la médecine libérale» comme il s’y est engagé.
Pour le président de la Csmf, le moment est grave. Le gouvernement «ne doit pas casser l’élan créé par un an de convention», met en garde Michel Chassang. Ce qui passe, selon lui, par un «rééquilibrage» entre les moyens accordés à la ville et à l’hôpital.
Pour les cadres départementaux, Cannes devrait également offrir une petite séance de brainstorming syndical à huis clos, trois mois après le repli enregistré par la Csmf aux élections aux Urml.
Du côté des généralistes confédérés, le climat semble serein dans la foulée des avancées, certes «insuffisantes», sur le C et sur le V. «Les élections ont été marquées par un vote de protestation polymorphe, concède Michel Combier, patron de l’Unof (branche généraliste). Mais les médecins gardent la tête froide et voient les acquis. Et nous restons le pôle central.» Même si, nuance Luc Duquesnel, vice-président (Mayenne), «l’analyse du résultat des élections n’a pas encore été poussée assez loin». Le projet de l’Unof en préparation devrait prendre davantage en compte les aspirations des jeunes médecins, des femmes et de ceux qui aspirent à des modes d’exercice – et de rémunération – différents. C’est dans ce contexte de vigilance que la Csmf a «pris acte» des annonces sur le C = CS en 2007 ou sur la reconnaissance universitaire de la médecine générale ; le syndicat devrait néanmoins exiger du gouvernement un calendrier plus précis pour les six mois qui viennent.
Côté spécialistes, la situation reste tendue. «C’est même houleux», de l’aveu de Jean-François Rey, chef de file de l’Umespe.
Dans un contexte de diète budgétaire, de nombreuses spécialités s’inquiètent de la feuille de route «restrictive» fixée par Xavier Bertrand à la Cnam autour de deux (seules ?) priorités de revalorisation : «médecine générale et chirurgie» (« le Quotidien » des 8 et 15 septembre). «On a l’impression que le ministre n’écoute que ceux qui font de l’agitation stérile depuis trois mois. Or il y a urgence pour les spécialités cliniques», rappelle Jean-François Rey.
Quant à la création du secteur optionnel, que la Csmf réclame «pour toutes les spécialités», la voie semble étroite et semée d’embûches. Là encore, le ministre devra rassurer. Faut-il y voir un durcissement du discours confédéral ? L’Umespe a posé un «préavis de grève de la permanence des soins» en clinique à partir du 1er janvier 2007.
A Xavier Bertrand, souvent habile devant les assemblées médicales, de trouver les mots pour consolider le partenariat avec la Csmf et conforter la dynamique contractuelle.
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