DE NOTRE ENVOYÉ SPECIAL
DIX ANS après le plan Juppé de sinistre mémoire médicale, à la veille d’un Projet de loi de financement de la Sécurité sociale particulièrement difficile à boucler, et à quelques mois d’une élection présidentielle incertaine, il était utile – et habile – de rappeler au gouvernement quelques leçons du passé «valables pour l’avenir».
La Csmf, qui a réuni ce week-end son université d’été à Cannes en présence de 330 participants, n’a pas manqué cette occasion. «Lorsqu’on fait confiance aux médecins, ils s’engagent... Avec nous, tout est possible, mais contre nous ou sans nous, tout devient impossible», a averti le président Michel Chassang à Xavier Bertrand en clôture de cet événement, dont le thème central (quelle médecine libérale en 2020 ?) traduisait la volonté confédérale de « construire ».
Au moment où la médecine de ville est «la bonne élève de la classe», il convient de ne surtout pas «casser» la dynamique et la confiance. Rouages du système conventionnel dans les départements, les cadres confédérés sont prêts et «mobilisés» pour tenir le cap des réformes. Malgré les « bugs », les retards, les tracasseries et les difficultés de la gestion contractuelle.
La Csmf a, semble-t-il, digéré la déception des élections professionnelles, même si certains cadres présents à Cannes avouent éprouver toujours un sentiment d’injustice. Pour Michel Chassang, en tout cas, le scrutin des Urml «n’a rien changé». La Csmf, dit-il, reste «incontournable» pour conforter ce partenariat médical indispensable au succès de la maîtrise. Au passage, le président de la Csmf a longuement raillé le «cartel du non, ce patchwork», constitué autour de MG-France et de la FMF (lire page 2), «incapable de construire quoi que ce soit et qui préfère tout détruire». Une allusion à la volonté de ces organisations d’exercer désormais leur droit d’opposition majoritaire aux décisions conventionnelles, y compris les avenants récents (hausse de la visite et stomatologie).
Philippe Bas : « Grâce à l’action de chaque médecin, la réussite ».
Si la Csmf préfère «avancer» plutôt que «vociférer», son soutien a un prix.
Côté généralistes, la Confédération a réclamé par la voix de son président le C à 23 euros «avant l’échéance présidentielle», la parution des textes instituant la discipline comme spécialité à part entière, un «vrai statut» de professeur de médecine générale (et non pas le «titre humiliant» d’associé), la réforme des consultations (tarif minimal à 23 euros) ou encore la simplification «urgente» des tâches administratives.
Chez les spécialistes, priorité doit être donnée à la deuxième tranche de revalorisation de la Ccam technique, au paiement systématique des astreintes en clinique et à la création du secteur optionnel toutes disciplines confondues et «sans toucher au secteurII» (le gouvernement veut que les négociations s’ouvrent en octobre).
Enfin, la Confédération «pose la question de l’hôpital» et celle du financement de l’assurance-maladie.
Un an après la mise en application du médecin traitant, les ministres ont rendu un hommage appuyé à la Csmf «acteur majeur du changement», «première force de propositions» et à son «sens des responsabilités». Le message est clair : le gouvernement ne changera pas de partenaire. Philippe Bas, ministre délégué à la Sécurité sociale, a insisté sur «l’importance des résultats engrangés» et ce «grâce à l’action de chaque médecin» permettant de faire de 2006 une «année de réussite» (malgré un déficit de l’assurance-maladie de 6 milliards d’euros…). Mais il a invité les cadres syndicaux à « ne pas baisser la garde» avec deux priorités : le meilleur respect par les médecins des règles de l’ordonnancier bizone (les objectifs d’économies ne sont pas atteints) et l’augmentation de la part de médicaments directement prescrits dans le répertoire du générique.
Quant aux fameuses marges de manoeuvre pour la médecine libérale en 2007, les ministres ont promis-juré : «Les efforts doivent être récompensés.»
Plfss : les mesures en préparation
Le gouvernement envisage d’introduire plusieurs mesures touchant la médecine libérale dans le Plfss. Un droit de prescription (non médicamenteuse) pourrait être accordé aux infirmières permettant de simplifier la distribution de certains soins courants.
Dans un tout autre registre, le Fonds d’aide à la qualité des soins de ville (Faqsv) et la dotation des réseaux pourraient fusionner au sein d’un fonds de réorganisation des soins géré par l’Uncam et l’Etat (au national) et les missions régionales de santé localement. Objectif : lever les blocages dans l’attribution des moyens pour financer les maisons médicales, la démographie, les réseaux…
Autre projet : le Formmel (Fonds de réorientation et de modernisation de la médecine libérale) deviendrait un… fonds d’accompagnement des mesures conventionnelles géré par les caisses et les syndicats signataires.
En outre, le gouvernement prépare un article « clé en main » sur le secteur optionnel au cas où les négociations échoueraient sur ce sujet. Enfin, certaines dispositions pourraient concerner le salariat dans les hôpitaux locaux.
Lire aussi :
> Dire linéluctable Lédito de Gérard Kouchner (27/09/06)
> Les « marges » daction de Bertrand ne dissipent pas les inquiétudes (27/09/06)
> Chassang : partenaire, mais pas à nimporte quel prix (22/09/06)
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature