TOURISME
A l'embouchure de la rivière Saguenay, dont les eaux libérées de leur gangue de falaises vertigineuses se mêlent à celles du Saint-Laurent, les premiers rayons du soleil percent les brumes matinales éclairant les collines rocheuses et boisées de la baie de Tadoussac.
Au large de l'estuaire du fleuve, si grand que l'on ne distingue qu'à peine les rives, d'étranges bosses blanches surgissent ça et là, crevant les crêtes des vagues sombres avant de disparaître dans les profondeurs.
Située sur les côtes de la région de Charlevoix, haut-lieu de villégiature du Québec, la baie de Tadoussac est le rendez-vous privilégié, jusqu'à l'arrivée des glaces hivernales, d'une impressionnante concentration de mammifères marins.
Du petit port de Tadoussac, à bord de confortables bateaux ou sur de simples Zodiac pour les plus audacieux, des croisières d'observation sont organisées pour admirer de près les ébats des cétacés de toutes espèces dans les eaux salées de l'estuaire du Saint-Laurent.
Autour des bateaux où s'ébrouent des bandes d'espiègles phoques gris, il n'est pas rare d'apercevoir, à quelques mètres à peine de là, l'énorme masse gris foncé d'un rorqual qui, bondissant comme un diable hors de l'eau, replonge illico dans un jaillissement d'écume.
La plus petite de ces grosses bestioles, justement baptisée petit rorqual, mesure quand même quelque 8 mètres de long pour un poids variant de 6 à 8 tonnes. Malgré son poids correspondant au bas mot à celui d'un modeste troupeau d'éléphants, il fait pâle figure comparé à son cousin le rorqual commun, qui atteint facilement les 25 mètres de long et les 40 à 50 tonnes, ce qui lui donne le titre de deuxième plus grande baleine du monde, juste après la gigantesque baleine bleue (plus de 30 mètres et jusqu'à 150 tonnes), paisible monstre marin hantant lui aussi l'estuaire du Saint-Laurent.
En compagnie du béluga, gracieux petit marsouin blanc aux allures de gentil fantôme, tout ce joli monde de mastodontes aquatiques dévore gloutonnement des monceaux de poissons et surtout de « krill » (nappes de minuscules crustacés flottant entre deux eaux), friandise succulente pour la baleine bleue qui n'hésite pas à s'en engouffrer à elle toute seule cinq tonnes par jour.
Dominée par la majestueuse chaîne des Laurentides, la région de Charlevoix étire ses paysages d'une beauté à couper le souffle jusqu'au bout du Saint-Laurent, là où les montagnes se brisent dans l'Atlantique.
Ici, été comme hiver, les Québécois viennent, comme ils disent, « changer de registre », loin du stress urbain, pour plonger dans les bucoliques béatitudes de cette région où l'on respire encore les parfums de la Nouvelle-France.
Baptisée en l'honneur du père François-Xavier de Charlevoix, la région a accueilli les premiers colons français débarqués il y a près de quatre cents ans à la suite de Cartier et de Champlain. Là furent écrites les premières pages de l'histoire européenne en Amérique du Nord, comme à Tadoussac, où Jacques Cartier, saisi par la beauté de la baie, jeta l'ancre en 1535 avant l'arrivée de Pierre Chauvin en 1599 et de Samuel Champlain en 1603.
La région de Charlevoix a su garder intact son aspect de Québec des origines avec ses petits villages côtiers aux noms de saints et de saintes catholiques, alignant leurs maisons de bois, blanches, grises ou bleu ciel, autour de clochers d'églises aux toits de tôle argentée.
A Saint-Joseph-de-la-Rive, où l'on construisait les goélettes qui s'en allaient jadis traquer les bélugas dans les remous du Saint-Laurent, face à l'Ile-aux-Coudres, l'ancien chantier abrite aujourd'hui le Musée maritime de Charlevoix.
Un bac traversier mène à l'île, baptisée ainsi par Jacques Cartier en raison de la présence de nombreux noisetiers que l'on nommaient « couldres » dans la langue de l'époque.
A Saint-Louis, à deux pas de l'église centenaire surmontée de deux clochers, un petit musée expose des « voitures d'eau », ces voiliers d'autrefois qui cabotaient de port en port le long du fleuve.
Un peu partout sur l'île, d'excellentes auberges proposent de délicieuses spécialités traditionnelles comme la soupe à la gourgane (fèves), les éperlans frits, des pâtés de gibiers et des tartes à la rhubarbe.
Passé les Eboulements, petite localité entourée de jardins et de cultures maraîchères, implantée sur un glissement de terrain consécutif au tremblement de terre de 1663, la région, qui va jusqu'à Cap-à-l'Aigle, fut, dès le début du XIXe siècle, le lieu de villégiature des grandes familles d'Amérique du Nord en quête de nature. A la Malbaie, sur le quai de Pointe-au-Pic, les « bateaux blancs » de la compagnie Canada Steamship Lines débarquaient les riches vacanciers de New York, de Boston, de Toronto ou de Montréal, venus s'installer dans les belles villas et les grands domaines perchés à flanc de falaise face au fleuve. Aujourd'hui, certaines de ces belles résidences ont été transformées en hôtels ou en pensions de famille.
Construit en 1899 sur les hauteurs de Pointe-au-Pic, le manoir Richelieu, « château de bois et de pierre », fut l'un des hauts lieux de la gentry estivale nord-américaine.
Détruit suite à un incendie et reconstruit en 1929, dans le style néo-normand, le palace de pierre grise périclita peu à peu avant d'être repris en main, il y a quelques années, par la Canadian Pacific puis par la chaîne Fairmont.
Entièrement rénové et agrandi à l'ancienne, le manoir, qui abrite le très réputé casino de Charlevoix, a retrouvé toute sa superbe ambiance feutrée de villégiature d'antan.
L'été, on s'y adonne aux plaisirs du golf, du tennis, de l'équitation, de la randonnée en forêt ou de la croisière-safari à la recherche des baleines, et, l'hiver venu, aux longues randonnées en ski de fond, en motoneige ou en traîneau à chiens à travers les sentiers enneigés.
Avant de regagner le Québec, la capitale de la Belle Province, on ne manquera pas de faire un saut aux chutes Montmorency, à Beauport, pour admirer cette merveille naturelle, où les eaux se précipitent d'une hauteur de 83 mètres (30 mètres de plus que les chutes du Niagara). En hiver, Montmorency est tout aussi spectaculaire avec sa chute pétrifiée par la glace, formant un énorme cône blanc à l'aspect des plus saisissants.
Un crochet par l'île d'Orléans, qui cultive le souvenir du grand « chansonnier » Félix Leclerc, s'impose. Etant l'un des tout premiers foyers de colonisation au Québec, l'île est désignée comme le « berceau de l'Amérique française », au même titre que la capitale, dont on aperçoit au loin les murailles à la Vauban qui font de la cité, fondée par Champlain en 1608, la seule ville fortifiée au nord de l'Amérique.
En octobre, comme sur toute la côte est, l'été indien succède aux lourdes chaleurs estivales et aux premiers froids de septembre. Il embrase les forêts québécoises, en un gigantesque incendie parant de mille couleurs - du jaune doré au rouge éclatant, allant du rubis le plus vif au carmin le plus sombre -, les feuilles des érables, des trembles et des bouleaux. C'est l'une des plus belles périodes pour découvrir la «Belle Province, petit morceau d'Amérique où l'on parle toujours la langue de Molière.
Jadis, pourtant, les colons français et anglais n'appréciaient que modérément les splendeurs et les douceurs de cet été indien, surnommé ainsi parce que ce bref redoux automnal signifiait la cauchemardesque prolongation des attaques des tribus indiennes qui, fuyant l'arrivée de l'hiver, interrompaient alors leur transhumance vers le sud pour harceler à nouveau les fermes isolées.
Pour partir
TRANSPORTS :
Vols quotidiens sur Air Canada (0825.880.881) Paris-Québec via Montréal, à partir de 550 euros A/R. Vols directs hebdomadaires (le jeudi) Paris-Québec sur Air Transat (0825.325.825), à partir de 450 euros A/R.
FORMALITES :
Passeport en cours de validité.
MONNAIE :
Le dollar canadien ($can) : 1 $can = 0,65 euro.
DECALAGE HORAIRE :
+ 6 heures.
HOTELS :
A Québec :
- Fairmont Château Frontenac (5*), 1, rue des Carrières, Québec. Tél. 418.692.3861.
- Hilton 1100, bd René-Levesque, Québec. Tél. 418.647.2411.
A Charlevoix :
- Fairmont Le Manoir Richelieu (4*), 181, rue Richelieu, La Malbaie, Québec. Tél. 418.665.3703. www.fairmont.com.
Réservation Fairmont (France) : 0800.901.779.
RESTAURANTS :
A Québec :
- L'Echaudé, 72, rue Sault-au-Matelot, Vieux Port. Tél. 418.692.1299.
- Aux Vieux Canons, 650, grande allée Est, Québec. Tél. 418.529.9461 (cave à vin unique, avec de grands crus classés depuis 1855).
- Le Moulin de Saint-Laurent, 754, chemin Royal, sur l'île d'Orleans. Tél. 418829.3888.
A Charlevoix :
- Le Saint Pub, 2, rue Racine, baie Saint Paul. Tél. 418.240.2332. ftremblay@microbrasserie.
- La Maison du Bootlegger, 110, ruisseau des Frênes, La Malbaie (Saint Agnes). Tél. 418.439.3711.
SEJOURS :
- Jet Set propose en toutes saisons des circuits accompagnés ou individuels au volant et des séjours à la carte. Exemples : le circuit « Dégustation québecoise » (en été) de 9 jours-8 nuits, à partir de 295 euros Paris-Paris en pension complète, dans des restaurants gastronomiques et en hébergements de charme, et le séjour « Hiver chic en Charlevoix » de 3 jours-2 nuits au départ de Québec, pour 291 euros par personne, avec transferts A/R en bus de Québec, et la Malbaie, 2 nuits au Fairmont Manoir Richelieu, avec petit déjeuner-buffet et un dîner gastronomique.
- Vacances Air Transat propose un intéressant forfait « Motoneige en liberté » au Lac-à-l'Eau-Claire, de 8 jours-6 nuits en demi-pension, à partir de 995 euros Paris-Paris, incluant 4 jours de location de motoneige.
- La Compagnie du Canada propose une belle évasion en traîneau à chiens pour découvrir l'hiver québecois, de 8 jours-6 nuits en pension complète (3 jours en traîneau, hébergement dans un chalet ou sous une tente, et séjour à Québec, au Fairmont Château Frontenac, à partir de 1 195-1 275 euros Paris/Paris.
A VOIR :
- Sur l'île d'Orléans, l'espace Félix-Leclerc et son musée consacré au grand chanteur québecois, et la Forge à Pique-Assaut, où les ferronniers d'art travaillent à l'ancienne. A Charlevoix, le Musée maritime de Charlevoix à Saint-Joseph-de-la-Rive, pour admirer les anciennes goélettes du Saint-Laurent, et la papeterie Saint-Gilles (en face).
- L'écomusée du Fromage chez Jean Labbé, à baie Saint-Paul.
La visite du parc des Hautes-Gorges de la rivière Malbaie, le musée de Charlevoix, à la Malbaie, et le domaine Forget, à Saint-Irenée, et, bien sûr, à Tadoussac, la croisière aux baleines sur AML Cruise, en bateau d'observation ou en Zodiac (AML Cruise, tél. 514.842.3871, et info AML : 1800.563.4643).
A NE PAS MANQUER :
- En automne (à la fin d'octobre-au début de novembre), le Festival des musiques sacrées de Québec (www.festivalmusiquesacree.ca). En hiver (du 30 janvier au 15 février), le 50e anniversaire du carnaval de Québec (www.carnaval.qc.ca). En juillet, le Festival d'été de Québec, avec plus de quatre cents spectacles rock, pop, jazz et classique d'artistes venus du monde entier (tél. 418.529.5200 ou infofestival.com).
RENSEIGNEMENTS :
- Office de tourisme du Québec, 4, avenue Victor-Hugo, 75116 Paris. Tél. 01.44.17.32.35.
- Tourisme Québec, Numéro Vert : 0800.90.77.77, et www.bonjourquebec.com.
- Jet Set. Tél. 01.53.67.13.00 et www.jetset-voyages.fr.
- Vacances Air Transat. Tél. 01.53.92.23.00 et www.vacancessairtransat.fr.
- Cie des Etats-Unis & du Canada. Tél. 01.55.35.33.55 et www.compagniesdumonde.com.
- Brochures dans les agences et à Quotidien Voyages, tél. 01.53.63.84.40.
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