LE PUY-EN-VELAY
Degas considérait le peintre symboliste Charles Maurin (1856-1914) «comme un des meilleurs dessinateurs de ce temps» et Henry Laurent, propriétaire à l’époque des magasins du Louvre, avait acheté, entre 1889 et 1905, 1 400 peintures, dessins et gravures de cet artiste. Il fut soutenu par Vollard, et entretint des relations amicales avec Vallotton, Carabin, Toulouse-Lautrec et Aristide Bruant. Mais, malgré ces complicités et les éloges qu’il moissonna ici et là, Maurin ne jouit pas aujourd’hui de la reconnaissance qu’il mérite et il a sombré dans l’oubli. Le musée Crozatier du Puy-en-Velay, sa ville natale, répare cette lacune et expose une centaine d’oeuvres graphiques de l’artiste (gravures et dessins robustes et énergiques), ainsi qu’une vingtaine de peintures parmi lesquelles les deux panneaux du triptyque de la superbe « Aurore du rêve » (notre photo, détail, vers 1891), énigmatique et presque mystique, les pastels de « l’Annonciation » et de « la Vertu entre deux vices », profondément modernes et qui annoncent presque le surréalisme, des femmes âgées, ou des maternités, des paysages aux lignes molles et japonisantes. Tantôt graves, tantôt solaires, les oeuvres de Maurin oscillent entre romantisme, réalisme et symbolisme.
Musée Crozatier, Jardin Henri-Vinay (tél. 04.71.06.62.40), jusqu’au 30 septembre. Catalogue, 256 pages, 38 euros, Fage Editions.
MONTBÉLIARD ET BELFORT
Jean Messagier
Joliment sous-titrées « la Nature au creux de la main », les deux expositions proposées par les musées franc-comtois de Belfort et Montbéliard (deux villes séparées par 15 km) mettent à l’honneur l’oeuvre de Jean Messagier (1920-1999), l’un des artistes majeurs de l’abstraction lyrique, ce mouvement pictural né au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et marqué par une fougue, une liberté et une désinhibition du pinceau. Les toiles de Messagier, explosives de couleurs, sont animées d’une ardeur picturale généreuse. L’artiste, tout à la fois peintre, sculpteur, graveur et poète, entretient un rapport intime avec la nature, et fait se rencontrer dans ses oeuvres les forces telluriques, les chaos, les tourbillons des vents, au moyen d’une gestuelle ardente. On suit le cheminement du peintre à travers ces deux manifestations très complémentaires. On y découvrira ses débuts marqués par la figuration, on y contemplera ses dessins, gravures et monotypes, ses paysages abstraits tracés à grands coups de brosse, ses dessins de « gels », ses sculptures, les pièces de mobilier et les tapisseries qu’il conçut… Une oeuvre exaltante et magnifiquement expressive (notre photo : « Chevaliers d’août », 1962).
A voir aussi : l’oeuvre graphique de Messagier au musée Denon de Chalon-sur-Saône, jusqu’au 20 octobre (tél. 03.85.94.74.41) et « la Nature du geste », ou l’art animalier de Messagier, au musée Buffon de Montbard, jusqu’au 30 octobre (tél. 03.80.92.50.42).
Tour 46., 90000 Belfort (tél. 03.84.54.25.51) et Musée du château des Ducs de Wurtemberg et musée d’Art et d’Histoire-hôtel Beurnier-Rossel, 25200 Montbéliard (tél. 03.81.99.22.61), jusqu’au 17 septembre.
ARLES
Minotaures et taureaux
Une superbe exposition se tient actuellement dans le Palais de Luppé, qui abrite la Fondation Van Gogh d’Arles.
Elle propose de célébrer le taureau, animal mythique, tel que l’ont représenté Goya, Picasso et Gustave Doré : 150 gravures de ces trois artistes livrent une vision tantôt mythologique, tantôt crue, tantôt magnifiée du dieu taureau. Goya s’intéressa de très près à la tauromachie, dont il retranscrivit des scènes, avec fièvre et émotion. Picasso l’andalou développa le mythe du Minotaure, l’actualisa, multiplia les gravures de corridas, d’où se dégage une aura symbolique, mystique ou joyeuse (notre photo : Picasso, « La Tauromaquia », mai 1957, gravure à l’aquatinte). Quant à Doré (1832-1883), il réalisa une série de combats de taureaux lors d’un voyage en Espagne. Ses gravures sur bois, d’une étonnante précision, offrent une chronique, un témoignage passionnant. Un très beau catalogue laissera un souvenir vivace de ces trois visions fortes et exaltées de l’animal.
Fondation Van Gogh (24 bis, Rond-Point des Arènes, tél. 04.90.49.94.04), jusqu’au 2 octobre.
PARIS
Agnès Varda
Agnès Varda aime et fréquente depuis des années l’île de Noirmoutier, qui l’enchante et l’inspire. Pour la Fondation Cartier, la réalisatrice de « Cléo de 5 à 7 », propose, sous le titre « l’Ile et elle », un voyage poétique, mélancolique et fantaisiste au coeur de l’îlot de l’Atlantique, fait de vidéos contemplatives et sensibles, de bricolages espiègles, d’oeuvres enfantines, d’installations et d’images qui sentent bon les vacances, l’iode, la plage, d’inventions fantaisistes, d’assemblages colorés.
On plonge avec plaisir dans ce cabinet de curiosités, amusant, touchant, onirique, où se mêlent allègrement le documentaire, l’art, le reportage, la fable… (notre photo : « la Grande Carte postale ou Souvenir de Noirmoutier », 2006).
Fondation Cartier pour l’Art contemporain (261, boulevard Raspail, www.fondation.cartier.com), jusqu’au 8 octobre.
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