PEU ENSEIGNEE dans les facultés européennes, la médecine de l'addiction a du mal à se faire reconnaître comme une discipline médicale à part entière. C'est le cas en France, où les traitements de substitution pour les personnes dépendantes aux opiacées n'ont été légalisés que depuis une dizaine d'années. Une discipline neuve, donc, qui repose sur le partage des informations et des expériences.
« Le traitement de l'addiction doit être appliqué selon une méthodologie très stricte. C'est pourquoi il est important de disposer d'un réseau solide pour que l'information soit partagée avec les médecins », explique le Dr Icro Maremmani (Santa Chiara University Hospital de Pise), président de l'association Europad (European Opiate Addiction Treatment Association), qui a tenu son congrès annuel à Paris cette semaine en partenariat avec les Laboratoires Schering-Plough. Si l'utilité des traitements substitutifs est aujourd'hui pleinement reconnue dans le milieu médical, il s'agit à présent de faire accepter par tous, et notamment par les pouvoirs publics, l'idée que l'addiction est une maladie comme les autres.
C'est le message que veulent faire passer les spécialistes de l'addiction. « Il ne faut pas croire qu'une désintoxication rapide est la meilleure solution. L'addiction est une maladie longue et chronique », martèle Pr Icro Maremmani. En France, la première conférence de consensus sur la « place des traitements de substitution » recommandait notamment une harmonisation des conditions de prescription des deux molécules disponibles (« le Quotidien » du 9 septembre). La difficulté pour les médecins est de savoir choisir le traitement le plus adapté à chaque patient. « Il faut que les médecins soient responsables des traitements qu'ils donnent à leurs patients, c'est un point de vue éthique qu'il faut absolument défendre en France aujourd'hui », insiste le Dr Didier Touzeau, de la clinique Liberté, à Bagneux.
Même s'il existe davantage d'études sur la méthadone que sur la buprénorphine (Subutex), un consensus a émergé du congrès pour dire qu'il n'y a pas un traitement qui soit supérieur à l'autre dans tous les cas. « Il ne faut pas opposer la buprénorphine à la méthadone, de la même façon que cela n'aura aucun sens d'opposer les nouveaux antibiotiques aux anciens », ajoute Icro Maremmani. Tout dépend du patient, de sa relation avec la drogue et de sa vie sociale. « La question est de savoir comment adapter le traitement à la qualité de vie de chaque patient en fonction des inconvénients de chaque produit(problèmes de cognition, troubles de la sexualité, etc.) », analyse le Dr Touzeau.
Plusieurs études européennes ont ainsi été présentées à l'occasion du congrès Europad. Une étude italienne (dans le district du nord de Naples) sur 650 patients traités avec la buprénorphine haut dosage montre que le traitement n'est pas uniquement indiqué pour les patients avec des dépendances moyennes ou modérées. « A long terme et à haute dose, la buprénorphine est très efficace pour réduire les états de manque et permettre de maintenir les patients dans des programmes de réhabilitation sociale », ajoute le Dr Di Petta (département des dépendances, Naples). C'est bien la qualité de vie du patient qui est au centre de la décision du choix du traitement. A noter, enfin, selon Leslie Amass, psychologue au Friends Research Institute de Los Angeles, que « il est très facile de passer d'un traitement à l'autre, si le premier ne convient pas ».
Médecine de l'addiction
A chaque patient son traitement
Publié le 04/11/2004
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 7626
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