CHAQUE MINUTE, dans le monde, quelqu'un apprend qu'il est lépreux ; toutes les dix minutes, c'est un enfant qui est devenu lépreux. Des chiffres que l'on rappelle au moins une fois chaque année, à l'occasion de la Journée mondiale des lépreux, le dernier dimanche de janvier. Car l'objectif d'éliminer la lèpre à l'horizon 2005 ne sera pas atteint. Les médecins constatent même une recrudescence de la maladie.
En 2002, derniers chiffres connus, 620 000 nouveaux cas ont été détectés, dont près de 85 % dans le Sud-Est asiatique (l'Europe n'en a, pour sa part, recensé que 34). La lèpre reste endémique dans plus de 70 pays. L'incubation est longue, de deux à dix ans, et pendant cette période la personne touchée est contagieuse (par la salive, les sécrétions nasales et les postillons), alors même que la maladie n'est pas décelable. C'est pourquoi les chercheurs, qui ont décrypté le génome du bacille et trouvé un gène de prédisposition sur le chromosome 6, s'attachent aujourd'hui à trouver un moyen de dépistage sûr et le plus précoce possible.
Le traitement, lui, est bien codifié et, grâce à Novartis et la fondation Novartis pour le développement durable, gratuit ; il est fourni aux pays qui en ont besoin par l'intermédiaire de l'OMS. La polychimiothérapie (PCT, association de dapsone, de rifampicine et de clofazimine) est facile à administrer (traitement de un mois en plaquettes thermosoudées) et détruit l'agent pathogène ; elle permet de guérir la lèpre paucibacillaire (de une à cinq lésions cutanées insensibles) en six mois et la lèpre multibacillaire (plus de cinq lésions) en un an. Et dès la première dose de PCT, le malade n'est plus contagieux. L'OMS estime que 4 millions de personnes ont échappé aux incapacités grâce au dépistage précoce et au traitement par la PCT.
Reste qu'il faut atteindre les malades, une tâche qui peut être rendue difficile par le fait que les lépreux sont encore trop souvent rejetés.
Promouvoir le dépistage des malades et leur accès au traitement, c'est, avec l'aide à la recherche, la mission que se sont donnée les associations de lutte contre la lèpre, qui quêteront sur la voie publique le 25 janvier, 51e Journée mondiale des lépreux (et aussi le samedi 24). « Les lépreux, on peut les soigner. Pour leur offrir un traitement au plus tôt de la maladie, aidez-nous ! », dit la fondation Raoul Follereau, qui combat aussi la tuberculose et l'ulcère de Buruli. Les frais d'appel à la générosité coûtent 14,5 % du total recueilli, tient à souligner l'association : « Les lépreux reçoivent ainsi 2 millions d'euros, que les autres dons pendant l'année multiplieront par cinq, jusque vers 10 millions d'euros » (en 2002).
« Donner, un geste simple », tel est le slogan des Œuvres hospitalières de l'ordre de Malte. Et de résumer : 2 euros représentent un mois de traitement pour l'arrêt de la contagion, 8 euros, une paire de chaussures spéciales pour protéger les pieds mutilés, 9 euros, une opération de la vue, 12 euros, six mois de traitement pour guérir de la lèpre paucibacillaire et 24 euros, un an de traitement pour guérir de la lèpre multibacillaire.
La lèpre est l'une des 15 « grandes causes » pour lesquelles il est autorisé de quêter sur la voie publique.
Association Raoul Follereau : BP 79, 75015 Paris, www.raoul-follereau.org. Œuvres hospitalières françaises de l'ordre de Malte : 60509 Chantilly cedex, www.ordredemaltefrance.org.
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