«LE TABAGISME est un problème de santé publique transversal qui renvoie à toutes les spécialités.» La Société française de tabacologie (SFT) en a fait le thème de son 2e Congrès national, qui s'ouvre aujourd'hui, en présence de Roselyne Bachelot, à la Cité des sciences, et qui s'achèvera mercredi*.
Il y a plus de dix ans, la première conférence d'experts sur l'arrêt du tabac, organisée par l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris, identifiait déjà la tabacologie comme «carrefour des disciplines médicales». Trois autres rendez-vous d'experts suivront, confirmant le rôle majeur du médecin, quelle que soit sa spécialité, dans l'aide au fumeur. L'un, impulsé par la Haute Autorité de santé (HAS), traitera de l'arrêt du tabac pour la femme enceinte, l'autre, à l'initiative de l'Association de chirurgie et de l'Office français de prévention du tabagisme (OFT), de l'arrêt péri-opératoire, et le troisième (OFT) de « arrêt du tabac et maladie psychiatrique ». Parallèlement, « les Guides de la Haute Autorité de santé » consacrés, chacun, à une maladie longue durée (24 sur 30 ont actuellement leur brochure), évoquent à 11 reprises l'arrêt du tabac comme recommandation clé, par exemple dans la prise en charge des hépatites, des affections cardio-vasculaires, de la maladie de Crohn ou encore du diabète.
Dans les maternités, les analyseurs de monoxyde de carbone sont devenus des outils familiers pour les gynécologues-obstétriciens et les sages-femmes. Quant aux chirurgiens, ils ne sauraient se passer désormais des bénéfices de l'abandon de la cigarette : cesser de fumer de six à huit semaines avant de passer sur le billard divise par trois le risque de complications chirurgicales du site opératoire. Sans oublier les chirurgiens-dentistes, qui savent que nombre de pathologies bucco-dentaires sont causées ou aggravées par le tabac, explique le Pr Bertrand Dautzenberg, président de l'OFT, maître d'oeuvre du Congrès de la SFT. «Ils attendent d'ailleurs de pouvoir prescrire les produits nicotiniques à leurs patients, comme le leur a promis la ministre de la Santé le 28mai dernier.»
Pour l'heure, 5 % seulement des fumeurs qui s'arrêtent passent par les consultations de tabacologie (voir encadré), fait remarquer le pneumologue-tabacologue parisien. L'écrasante majorité des 1,5 million de fumeurs qui font une tentative sérieuse d'arrêt se retrouvent seuls, et les deux tiers rechutent. «C'est dire que si tous les soignants s'occupaient de “leurs”patients fumeurs», les rangs des abstinents s'étofferaient de manière durable, pense le Pr Dautzenberg.
* Outre les médecins tabacologues, les sages-femmes, les chirurgiens-dentistes et les infirmiers tabacologues sont conviés à ces journées. Site Internet www.csft2008.fr. Tél. 01.43.25.19.65.
Chiffres
650 consultations de tabacologie.
1100médecins tabacologues, dont 350 sont en milieu hospitalier et 300 en cliniques, maisons de cure médicale, dispensaires, centres de la Sécu.
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