CHANTAL SÉBIRE, 52 ans, atteinte d'un esthésioneuroblastome, ne devrait pas faire appel de la décision rendue lundi par le tribunal de grande instance de Dijon, qui rejette sa demande d'euthanasie. C'est ce qu'elle a indiqué la semaine dernière tout en ajoutant : «Je sais maintenant comment me procurer ce dont j'ai besoin, et si je ne me le procure pas en France, je me le procurerai ailleurs.» Le tribunal a suivi les réquisitions du procureur de la République qui s'était prononcé pour «l'irrecevabilité en l'état actuel de la loi» Leonetti sur la fin de vie du 22 avril 2005. «Même si la dégradation physique de MmeSébire mérite la compassion, le juge, en l'état de la législation française, ne peut que rejeter sa demande», a souligné le premier vice-président du TGI de Dijon, René Jaillet. Dans ses attendus, le juge affirme que la requête de Chantal Sébire «s'oppose au code de déontologie médicale, lequel dispose que le médecin n'a pas le droit de délibérément donner la mort».
Face au refus de la justice, Chantal Sébire attend maintenant une éventuelle réponse médicale. «Je ne peux plus rien faire (physiquement) , explique-t-elle , je suis alitée et c'est mon médecin, le DrEmmanuel Debost, qui se rendra avec mon dossier (aujourd'hui) à Paris» pour rencontrer le conseiller médical du chef de l'Etat, le Pr Arnold Munnich. Le pédiatre-généticien a proposé «qu'un nouvel avis soit donné sur son cas par un collège de professionnels de la santé du plus haut niveau pour que l'on s'assure ensemble que toutes les ressources de la médecine sont épuisées».
Un autre médecin, un généraliste du Vaucluse, membre de l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD), a également indiqué, la semaine dernière, être prêt à soulager les souffrances de la patiente si la justice le permettait. «J'ai proposé à Chantal Sébire de l'aider à mourir dans le cadre de la loi que j'aimerais», a indiqué au « Quotidien » le Dr Bernard Senet. «Ce sont deux démarches militantes qui se rencontrent», a-t-il ajouté. Le médecin, qui ne nie pas avoir déjà aidé certains de ses patients à mourir, s'estime protégé «par la médiatisation» et par le fait qu'aucune famille de patients n'a jamais porté plainte. «Je l'ai fait dans un cadre respectable au niveau éthique. Le médecin doit continuer à suivre son patient jusqu'à la conclusion de sa maladie. Et c'est au malade de dire où sa dignité s'arrête. Le médecin ne doit pas juger.»
Une solution apaisée.
A l'image de plusieurs membres du gouvernement, la ministre de la Santé a estimé que «ni le monde médical ni les pouvoirs publics ne sauraient promouvoir l'euthanasie active». «C'est l'éthique de notre pays», a poursuivi Roselyne Bachelot, pour qui «une démarche éthique ne s'adapte pas à des cas particuliers». La ministre s'est dite opposée à la révision de la loi Leonetti. Loi dans le cadre de laquelle n'entre pas la demande formulée par Chantal Sébire, précise de son côté Jean Leonetti : «C'est une demande de suicide assisté, pas une demande d'accompagnement de fin de vie.»«S'il y avait un dialogue apaisé avec les médecins, on devrait trouver une solution apaisée», suggère le député-médecin UMP, par ailleurs prêt «à réfléchir sur des problèmes majeurs de société, sans présager de la décision législative, de manière apaisée, et non pas à partir de cas individuels». Le député PS de la Nièvre, Gaëtan Gorce, qui a préparé la loi Leonetti, souhaite aujourd'hui «évaluer les conditions de son application, et voir ce qu'elle résout ou pas». Pour les cas extrêmes, le député suggère une «exception d'euthanasie pour les personnes victimes de maladies incurables, qui souffrent». Cette décision pourrait être prise «par une commission de médecins et de juristes», comme l'avait déjà proposé, en 2000, le Comité national d'éthique.
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