Une étude espagnole présentée au conrès de l’European Psychiatric Association ((3-6 mars, Prague)montre que le grand public connaît très mal le Trouble déficit de l'attention/hyperactivité (TDAH), ses conséquences et son traitement : pour 40 % des personnes interrogées, il n'existe pas de prise en charge possible. "Des résultats qui auraient été vraisemblablement similaires en France et qui impactent le regard qu'on pose sur ces enfants, déplore Christine Getin, présidente et fondatrice de l’association HyperSupers TDAH France. Au lieu de comprendre le mode de fonctionnement de ces enfants, on préfère chercher un coupable, les parents généralement" .
Une scolarité entravée
L’association HyperSupers TDAH France, qui représente 3000 familles, a mené une enquête afin d'identifier plus précisément les interventions positives sur la scolarité et la qualité de vie des enfants d'âge scolaire atteints de TDAH (524 réponses concernant des jeunes diagnostiqués entre 6 et 18 ans, âgés de 12 ans en moyenne). Les manifestations du TDAH affectent profondément la scolarité puisque 31 % redoublent, 20 % connaissent des exclusions scolaires et 5 % abandonnent les études, un taux en fait très important puisque dans cette étude peu de jeunes étaient dans la tranche d'âge concernée de 16/18 ans. Le traitement par méthylphénidate (88 % des enfants) contribue fortement à l'amélioration de la scolarité mais la qualité de vie familiale reste difficile, même sous traitement (47 % des cas) voire très difficile (6 %). Dans cette étude, la rééducation orthophonique et psychomotrice limite l'échec scolaire "mais il faut mettre en place une prise en charge multimodale, d'autant que la grande majorité de ces enfants connaît aussi des troubles du sommeil, une dyslexie et surtout de l’anxiété" souligne Christine Gétin. "Il est essentiel de mettre en place des aménagements scolaires, importants en eux-mêmes mais aussi parce qu'ils signifient que l’enseignant s'implique dans la démarche, modifie sa vision sur le comportement de l'enfant. Toutes les interactions qui se créent autour de l'enfant permettent de mieux comprendre leur fonctionnement, d'anticiper les problèmes et d'assurer un renforcement positif chez ces jeunes, peu sûrs d'eux et angoissés".
L'étude montre aussi combien le diagnostic est tardif, en moyenne à 9 ans et trois mois, c’est à dire lorsque les problèmes scolaires sont déjà majeurs. "L'errance diagnostique" est de 30 mois en moyenne, et pour plus de 40 % de ces enfants le diagnostic n'est porté que plus de deux ans après les premières démarches des parents face aux symptômes !
Un trouble qui sévit toujours à l'âge adulte
"Les études épidémiologiques montrent que 50 à 80 % des enfants avec un TDAH gardent les mêmes difficultés à l'âge adulte, souligne le Pr Bruno Coutinho (Portugal). Avec un sous-diagnostic lié à la prédominance des troubles de l'attention sur l'hyperactivité. Ils éprouvent de grandes difficultés à poursuivre des études ou dans le monde du travail, gardent toujours une faible tolérance à la frustration, avec une forte prévalence des troubles du sommeil, de l'anxiété et de la dépression ainsi qu'une tendance à l'addiction chez 20 à 40 % d'entre eux". Une étude européenne à laquelle a collaboré le Dr Henri CACI (CHU de Nice) confirme les effets négatifs du TDAH chez les adultes, de façon assez identique dans les différents pays : problèmes dans les relations sociales ou professionnelles mais aussi financiers, difficultés à s'organiser, à contrôler leur humeur, fréquents comportements de rupture, etc.
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