PEUT-ÊTRE EST-IL PREMATURÉ de tirer de cette réunion à coups de théâtre la conclusion que l'UMP prend ses distances avec le président de la République. Même si elle tente de le faire, le fonctionnement des institutions aura tôt fait de la rappeler aux réalités.
Ce qui n'est pas surprenant, c'est que Nicolas Sarkozy ait pris la tête de la fronde ; ce qui l'est, c'est qu'Alain Juppé se soit, au moins en apparence, rallié au mouvement. L'actuel président de l'UMP a bien entendu souligné que seul le chef de l'Etat pouvait choisir entre les deux procédures, référendaire et parlementaire. Mais il a clairement soutenu une option dont tout le monde sait qu'elle ne convient pas à M. Chirac.
LA DOUBLE TACHE DE SARKO : SERVIR LE CHEF DE L'ETAT AVEC ZÈLE ET LE METTRE AU DÉFI
Le poids des régionales.
Hier, c'était Tony Blair qui lui forçait la main, en tournant casaque et en annonçant un référendum sur la Constitution européenne, alors que le Premier ministre britannique avait toujours écarté la consultation directe du peuple britannique ; aujourd'hui, ce sont ses propres amis qui semblent lui indiquer la voie à suivre, sans doute moins par conviction que pour manifester leur autonomie à l'égard d'un président que nombre d'élus UMP accusent de les avoir conduits au désastre des régionales et, non content de les y avoir conduits, de leur imposer de nouveau Jean-Pierre Raffarin.
Le plus sérieux, dans cette fronde, c'est le rôle qu'y joue M. Sarkozy, qui poursuit la double, étrange et contradictoire tâche de servir avec zèle le chef de l'Etat et de le mettre au défi à peu près chaque jour. Il le fait quelquefois avec une telle audace et de façon tellement inattendue qu'Alain Juppé lui-même, peu soucieux de lui faire plaisir, mais devinant le danger d'une division, a rallié le panache blanc de son adversaire.
Au demeurant, les dés sont jetés : visiblement, M. Juppé commence à se désengager lentement de ses principales activités politiques et M. Sarkozy est candidat à la présidence de l'UMP, tremplin vers une autre candidature.
Naguère impétueux, le président a acquis, depuis quelques années, une certaine sagesse et une certaine patience. Déjà, en 1995, quand Edouard Balladur semblait l'emporter sur lui, il ne manifesta ni haine ni amertume et renversa la situation six semaines avant l'élection présidentielle, autrement dit à la dernière minute.
On ne saurait donc dire s'il a ou non des atouts dans sa manche. Il n'est pas impossible qu'il pense à un projet dont il ne dévoilera la portée qu'au dernier moment, après avoir usé jusqu'à la corde ses amis et ses adversaires.
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