«NUL N'EST PROPHÈTE en son pays»? En racontant « les aventures extraordinaires d'Amros le Celte » – sous-titre du roman –, Franz-Olivier Giesbert fait mentir le proverbe : au terme d'un périple certes long et mouvementé, et après s'être confronté à sept sages, philosophes ou prophètes, son barbare de héros revient auprès de sa bien-aimée goûter aux joies simples de la vie quotidienne. C'est après avoir découvert, il y a longtemps, que des personnages extraordinaires sont apparus en même temps, aux quatre coins du monde, pour dire les mêmes choses qui sont toujours d'actualité, que Franz-Olivier Giesbert a eu l'idée de cette histoire ; qui, si elle prend des libertés avec l'Histoire, n'en reste pas moins tout à fait crédible.
Le récit débute avec l'invasion du royaume des Chênes noirs, par les Cavares – ou autre peuple de ce qui allait être la Gaule. Le jeune Amros, guerrier farouche et néanmoins sentimental, qui était aussi, bien que marié, l'amant du roi en même temps que son conseiller politique, son garde du corps et son bouffon, n'a d'autre choix pour sauver sa vie que de fuir en abandonnant sa femme...
Pour tomber aux mains des Grecs, et devenir l'esclave personnel – et amant, conseiller, garde du corps– du timonier Starclès, qui rapporte au maître d'Athènes, une pierre – pierre précieuse ou pierre philosophale ? – qu'on lui avait dérobée. Mission accomplie mais pas pour longtemps puisque le caillou disparaît à nouveau, volé semble-t-il par le propre fils du tyran, Isocrate, qui a disparu le jour où le forfait a été perpétré.
Sur les pas d'Isocrate – parti en fait à la quête de la vérité, la même vérité qu'Amros recherche depuis qu'il est tout petit –, Starclès et Amros multiplient les aventures picaresques, échappent à maints attentats, souffrent mille morts. À Crotone ils rencontrent Pythagore : dans le village de Tâlj, à quelques collines de la mer Caspienne, Zarathoustra ; au congrès des prophètes, c'est au tour de Lao-Tseu, Confucius et Bouddha ; puis à Jérusalem, Zacharie et enfin, en Sicile, Héraclite.
Les années, les décennies passent, les cheveux blanchissent, Amros se laisse à chaque fois tenter par la parole du sage qu'il rencontre mais sans aller jusqu'à s'arrêter. Sensible aux paroles de ces demi-dieux, il en tire cependant sa propre sagesse : il n'y a pas de vérité sans amour, et il n'est de plus grande force que d'ignorer les dieux.
Il reviendra finir ses jours auprès de son épouse, au plus près de la nature et loin du monde des humains, renonçant à tout fors l'amour.
Éditions Gallimard, 259 p., 17,50 euros.
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