?A moins de deux ans de la fin de son mandat, Obama aux Etats-Unis semble dans une position moins confortable que Sarkozy dans l’Hexagone en ce qui concerne l’Assurance-maladie. Du moins en apparence. Le président américain a perdu le soutien de son Congrès, il doit la débâcle du camp démocrate en grande partie à l’hostilité de ses concitoyens à sa réforme de la santé ; et surtout, il va devoir cohabiter à la Chambre des Représentants avec une nouvelle majorité que l’idée même de couverture maladie obligatoire révulse. Et pourtant, on peut espérer que, cahin-caha, sa réforme va tout de même diffuser dans le paysage américain. D’abord parce qu’elle est déjà votée. Ensuite parce qu’Obama n’a nulle intention de revenir dessus. Enfin, parce que, dans le système américain, toute tentative de retour en arrière nécessite, sinon l’accord du président, du moins qu’il ne s’y oppose pas.
Chez nous, le président reste le patron de la majorité. Mais rien ne dit qu’il ait beaucoup de marges de manœuvre vis-à-vis d’une Sécu qui a encore battu les records de déficit cette année. Au cours de la première moitié du quinquennat, l’Elysée a pourtant plutôt bien contenu ses dépenses, via notamment des transferts de charges successifs sur les mutuelles. Mais pour cause de crise, il n’a pas osé toucher au financement de l’Assurance- maladie. On ne peut pas tout faire en même temps. A la place, il a bouclé le dossier des retraites. Une réforme qui -quoiqu’on en pense- nécessitait en France une dose de courage comparable à celle dont ont fait montre outre-Atlantique les tenants de la réforme santé...
Dans ce contexte, Sarkozy peut-il ouvrir une deuxième boite de Pandore sur le front social avant la fin de son mandat ? C’est peu probable. Pour renflouer la Sécu, on n’ira sans doute pas plus loin que les rafistolages prévus dans le PLFSS 2011. Après les retraites, qui se risquerait en effet à engager une nouvelle bataille touchant aux finances sociales, alors même que se profile déjà pour 2011 la réforme de la dépendance ? Dans les mois qui viennent, quels qu’ils soient, le ministre de la Santé et le
patron de Bercy devront donc se montrer plus bricoleurs qu’ingénieurs. Car la remise à plat de l’Assurance-maladie attendra.
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